Mon prof.

Hervé Lénervé

Mon prof de peinture, dit : « Celui qui peint, ce sont les yeux. »

Ça parait con comme phrase à première vue, c'est sûr qu'un aveugle, s'il arrive déjà à atteindre sa toile, on n'a pas un chef d'œuvre, on a un miracle !

Mais à la seconde lecture, elle n'est pas si conne. Car, nous les débutants, quand on peint, on peint ! On a le nez dans l'guidon, on n'voit rien. Il y aurait un piéton qui traverserait sur la toile, on l'peint aussi sec !

Alors, qu'il faut prendre du recul et regarder ce que l'on a bien pu peindre ?  Le faire à temps suffit parfois pour sauver un canapé et une engueulade.

Un autre défaut, à nous les débutants, c'est qu'on surpeint. Au début on part bien, tranquille, cool. Gras sur maigre, rien ne bouge. Ok c'est pas mal.

Mais non, on ne s'arrête pas là. On continue, on se déchaîne à grands coups de balai, le grand ménage de paintemps. A la fin le tableau, il a une couche de peinture si épaisse qu'elle ne séchera qu'en 2034 en tenant compte du réchauffement climatique.

Notre prof, il nous le dit souvent, le matériel, c'est important.

Les pinceaux par exemple, toujours préférer une bonne qualité à une mauvaise qui vous ferait une fourrure de peinture poilue.

Nous, on s'en fout, les pinceaux, on en a que pour faire bien, autrement, on peint tout à la main, des deux. J'en ai même vu, avec les pieds. Franchement la différence n'était pas flagrante.

Bon, de toute façon, j'vous dis ça, mais notre prof, il a décidé d'arrêter l'enseignement. C'est dommage, c'était un bon prof.

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