Mr Oizo – Festival Electron 2014, jeudi 17 avril

Will Van Gulik

concours le noeud pap : parlez-vous musique

En ce jeudi de Pâques, première soirée du festival, je n'étais pas spécialement tendu. Le stress de l'ouverture de la messe genevoise de la musique électronique étant passé, je pouvais songer à profiter de l'intérieur des salles plutôt que des abords des caisses ou de nos bureaux temporaires. Ma mission était pour le moment une réussite, et mon équipe, surprenante d'efficacité.

 

La soirée était déjà avancée quand elle arriva. C'était le seul soir où elle avait acceptée mon invitation, malgré ma possibilité de l'accueillir pendant les quatre jours de l'évènement. La foule serait notre terrain de jeu ce soir là. Elle avait déjà brièvement fait le tour des autres salles du site avec ses amis, chance que je n'avais pas encore eu. Mais sachant qu'elle n'était pas une fervente appréciatrice des lieux trop encombrés, j'ai évité de lui proposer un détour par Ame ou Sexy Sushi. A l'évidence, elle me faisait une fleur de venir dans un espace aussi restreint, où quatre-mille personnes se croiseraient dans ces neuf heures de fête nocturne.

 

Le temps passait, et je m'étais décidé à réduire ma disponibilité pour le festival, laissant les accessoires disgracieux comme l'oreillette et la radio qui l'accompagnait à mon équipe. Ma complice méritait toute mon attention, et mes bénévoles le comprenaient sans peine. De plus, la tête d'affiche de la soirée monterait bientôt sur le plateau. Musicien, Dj et producteur films étaient quelques unes de ses casquettes. Je n'avais pas eu l'occasion de le voir à la fin de son soundcheck, je tenais donc à assister à son set.

 

Nous avions choisi la coursive, surélevée et peu peuplée malgré l'heure. L'acoustique n'y était pas optimale, les basses étaient trop présentes. Des rappels pour les aigus auraient été un confort pour les personnes qui accédaient à cet espace privilégié. L'avantage était, en revanche, la vue. Localisé au fond de la salle, notre regard était facilement captivé par la totalité de la scène, et son mur de LED en arrière plan. Quentin avait déjà commencé son office quand nous sommes arrivés avec notre vodka-pomme sur place. Le VJ et l'ingénieur lumière devaient être de l'équipe de l'artiste. On le ressentait instantanément à l'utilisation des différents projecteurs disponibles, et à la cohérence des images choisies en fonction des morceaux du Dj.

 

La foule du parterre était dense, tous voulaient être proche de la scène. C'était, à coup sur, la barbe du créateur de Flat Eric qui attirait les regards des nouveaux hipsters. Effectivement, on pouvait catégoriser Mr Oizo dans cette tranche déjà avant que la dénomination soit utilisée dans les médias. Les premiers morceaux étaient ceux qu'on attendait de lui, la voix de Marylin Manson et les sonorités acides étaient le déclencheur pour mettre en mouvement la foule qui doutait encore. A notre exception : nous n'étions pas encore convaincu des choix du Dj. Ainsi, notre enthousiasme était mesuré, et notre esprit n'était pas entièrement disponible. Elle à cause de la sonorité de l'endroit, et moi grâce à elle.

 

Les morceaux se succédaient, laissant la place à des productions qui n'étaient pas de lui. Mais la surprise n'était toujours pas au rendez-vous. Pour un festival d'avertis et de découvreurs, il semblait légitime de lancer quelques ovnis, des étrangetés pour tester son public. Mais elles n'étaient pas là. Mr Oizo restait classique, monotone, prévisible, alors que ses productions m'avaient toujours paru sans compromis et surprenant.

 

La déception musicale s'affirmait, et notre interaction ayant peu-à-peu quitté le verbal, l'issue de ce concert nous paraissait évidente. Quentin Dupieux ne nous captivait pas, et il était dangereux d'attendre ses prochains mauvais choix. Nos prochaines heures, loin de la salle de concert, seraient accompagnées de Boards of Canada. J'ai, ensuite, supposé que la star s'était inspirée du morceau Reach for the dead : Depuis son estrade, il voulait toucher les restes de public, ces zombies et leurs esprits morts, baignés d'alcools et de psychotropes.

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