Musique 3D : Complete Recordings, Sergei Rachmaninoff (à écouter à fond les ballons)
samob
C'est toute une histoire qui est racontée par les notes seules, sans paroles ni images superflues. Là où la variété et autres pops actuelles ne donnent qu'un instantané de sentiments, une photo, à la limite une scène simple sans anicroches ni changement de tonalité, Rachma nous joue une saga entière. Et pas le format 10s pour smartphone à court de batterie : une vraie longue histoire, à la Spartacus ou Docteur Jivago, avec des héros incroyables qui traversent des guerres mondiales et des pays entiers, essuient milles galères et tragédies grecques et barbares pour retrouver leur dulcinée dans un déchaînement de passions infiniment tristes ou heureuses, finissant inévitablement dans les extrêmes du paradis ou de l'enfer. Pas de pseudo-héros de banlieue mou comme une chique et sa banale journée à réfléchir dans le vide. Ici on survole tour à tour les palais des tsars richissimes où sont enfermées des princesses bellissimes, puis l'immensité de déserts, steppes et forêts glacées abritant un sultan déchu qui aspire à une vie simple, refusée par les dieux de la destinée.
Corps fragiles s'abstenir : il faut tendre l'oreille pour capter les pianissimos ultras-doux, puis se la faire arracher par une subite envolée fortississimo. Le voisin adepte de monotone musique électro va peut-être mal digérer.
La musique depuis un siècle, c'est de la 2D. C'est bien aussi, la 2D. Mais ça n'a rien à voir. Rachma, la Grande musique, c'est la 3D : il y a quelque chose en plus. Toute une dimension.
(9/10)