NAITRE DE TA PALETTE

Isabelle Revenu

Et voilà que d'un chagrin tu tisses un voile

tu fais naitre une étoile

accrochée à la toile des cieux

pour le plaisir des yeux

Une étoile mouvante aux couleurs de plomb changé en or

une courbure savante pour préserver la lumière qui y dort

Tu le sais toi le chemin qu'elle emprunte par tes larmes versées

Tu le connais bien le vagabondage des rivières et des sentiers

Et voilà que d'un chagrin tu peins un astre volant,

un point dans l'espace-temps

une oasis cosmopolite, un désert où te ressourcer.

Une porte entrouverte aux souvenirs du vent souriant

berçant ton sommeil de mille fleurs de rocher

posant sur tes joues des baisers de coton blanc

Rageur, tu lances tes arpèges dissonants au loin

cambrure de marbre et de volcan éteint

Laissant couler la même trainée

de tes yeux à tes lèvres salées

Les tons éclatent en gris-bleu profonds

en rouge vermillon

en orange balise

en brun cerise

Les jaunes pointent leur nez arrogant

lentement, timidement

perceptiblement

patiemment.

Le tracé est serpent magnifique

baume d'Orient, baume magique.

Pleurs séchés sur fleur fanée

Oiseau évadé.

Voilà comment, de ton infini paysage

s'élève la trainée poudreuse et sacrée

unissant le fou et le sage

dans un soupçon d'éternité.

Signaler ce texte