Ne me quitte pas.
Alexandra Bitouzet
Il ne veut pas se faire aider. Il dit que s'il le fait pour elle, ça sera pour de mauvaises raisons. Il attend le déclic mais le déclic ne vient pas alors il continue.
Assise à côté de lui, elle a pourtant tout essayé, tenté le maximum. Vidé devant son nez, cassé les chandeliers, fait son sac plusieurs fois, est partie, même revenue. Elle a longtemps cru en ses belles promesses à l'époque où elle était pleine de.
D'énergie.
De courage.
D'amour.
Et d'espoir.
De l'énergie, elle n'en a plus. A présent ses gestes sont bien plus lents, presque douloureux. Au bout de tant d'années, il lui promet encore que sans se faire aider, les choses vont changer. Mais elle n'a plus envie d'entendre. Elle met ses mains sur ses oreilles et attend la fin des promesses. Parole d'ivrogne, comme disait sa mère.
Il ne veut pas se faire aider et continue de tout gâcher. Les plus beaux moments. Les fêtes d'anniversaires. Et celles de fins d'années. Les dimanches en famille. Il célèbre la vie et fait de chaque jour un événement. Il chope le goulot à pleine main. Ça dégouline de partout. Il s'en fout. Elle nettoie. Elle nettoie toujours quand il en fout partout. Quand elle se fâche, il dit qu'elle en fait trop, qu'elle voit le mal partout, qu'elle aurait pu être actrice. Il dit qu'il arrêtera, quand il aura le déclic. Mais pas pour elle. Il répète que c'est pour soi qu'il faut le faire. Alors il boit. Encore et encore. Et puis encore tiens pour la peine !
Quand il est comme ça, il s'en prend à tout le monde. Aux mômes et puis à elle. Surtout à elle d'ailleurs. Les mômes sont souvent couchés. Elle lui balance le téléphone à la gueule et puis se jette sur lui. Il rigole. Il fait le double de son poids. Elle est accrochée derrière son dos, large dos. Ça fait comme un sac qu'il secoue dans tous les sens. Elle vole. Elle plane. La tronche dans la table, se cogne, s'éclate, s'étale. Elle ne bouge plus. Il sort. Respire. Se calme. Revient. Elle est toujours là. Elle ne pleure pas. Ne respire plus. C'est pourtant pas un mauvais bougre quand il est à jeun. Partir. Rester. La question ne se posera plus.
Il avait besoin d'un déclic.
Faut pas qu'il vienne se plaindre maintenant.
"L'alcool tue lentement" disait un slogan il y a trente ans... Il a fait des progrès: il tue vite: sur la route, ou dans les coups que l'ivrogne donne. Le lobby alcoolier est un danger mortel.. Merci pour votre texte-avertissement!
· Il y a plus de 10 ans ·astrov
Merci à vous d'avoir lu !
· Il y a plus de 10 ans ·Alexandra Bitouzet
boum!
· Il y a plus de 10 ans ·Marion B