Nemanja Radulovic, le joueur de violon de Hamelin, à la Fnac des Ternes
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Depuis que je l'ai découvert au Festival Classique au Vert l'été dernier, je suis littéralement tombée sous le charme de l'immense talent du violoniste Nemanja Radulovic. Ainsi quand j'ai appris qu'il allait faire un showcase, le 17 avril à la Fnac des Ternes, j'ai immédiatement réservé mon après-midi.
La salle est plus que petite mais qu'importe – je m'assoie sagement au milieu des rangées de sièges déjà bien remplies, le plus près possible de la scène et je patiente, aussi tendue qu'un archet. C'est un Nemanja toujours aussi rayonnant et souriant qui arrive sur scène quelques instants plus tard. Rempli d'une bonne humeur communicative, le violoniste nous présente son programme et nous annonce, sur un ton léger et joyeux, qu'il devra jouer assis, à cause d'un plafond trop bas qui risquerait de contrarier ses coups d'archers fougueux. Le public et moi-même sommes déjà sous le charme – et pourtant aucune note n'a encore été jouée.
Ce mini-concert commence par la Chaconne de Bach. Le son profond et envoutant du violon envahit notre petite assemblée et couvre le bruit des badauds tout proches. Toute en finesse, l'interprétation de Nemanja donne l'impression qu'un dialogue passionné entre différentes personnes se déroule sous nos yeux. Le violoniste comme d'ordinaire joue les yeux fermés, vivant sa musique si intensément qu'il hypnotise véritablement l'audience. Comme le joueur de flûte de Hamelin, il attire les visiteurs qui passaient à proximité et qui se joignent à nous, ensorcelés par cette spectaculaire entrée en matière.
Après le classicisme de Bach, Nemanja Radulovic change de style et nous propose une Danse pour Violon Solo d'Eugène Ysaÿe,. L'énergie et l'exaltation du morceau s'accordent parfaitement au style du soliste et achèvent de conquérir le cœur du public. Je suis scotchée à mon siège, complétement transportée par la capacité du violoniste à créer une émotion si pure et intense à partir d'un vibrato ou d'un frôlement de corde. Quand le morceau se termine, l'impétuosité de Nemanja coute presque la vie à son archet qui heurte le plafond lors de la note finale. Heureusement pour tout le monde, plus de bruit que de mal. Le sourire mi-confus mi-taquin de Nemanja met un point final à ce non-évènement qui se termine dans les rires chaleureux et partagés de l'assemblée.
C'est avec une fraicheur désarmante que Nemanja nous parle alors un peu de sa volonté de montrer une autre facette de Paganini, moins sage et sérieuse que l'image de prodige qui lui colle à la peau. Afin d'illustrer son intention, il nous propose un très entrainant medley de deux des Caprices de Paganini. La technique impeccable mise en place ici est saisissante. Tantôt c'est l'archet qui bondit comme un cabri, tantôt ce sont les doigts agiles comme l'éclair qui frappent les cordes, tantôt ce sont les pizzicatos effectués avec une force et une élégance rares qui rythment le morceau.
Un final tumultueux, orageux mais plein de joie et d'excitation explosive qui achève de convaincre la foule, devenue nombreuse du génie de l'interprète. Personnellement, j'ai eu envie de crier, pleurer, de sauter, telle une fan des Beatles. La preuve que la musique classique aussi peut déchainer les passions et les jeunes filles (encore un peu) en fleur.