The Internet et son Point Éphémère !
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Paris, scène internationale qui nous réjouit de sa touche cosmopolite et de ses ressources inépuisables. Entre deux matchs de ce sport au ballon rond, que nous éviteront de nommer, The Internet s'apprête à nous révéler en live les ingrédients qui composent son doux nectar.
Nous y voilà, au Point Éphémère, repère de nos jeunes générations huppées, qui sait, néanmoins, héberger de temps à autre, des instants de poésie lyrique. Notre contexte n'est pas difficile à placer et en devient presque banale pour nous autres adorateurs d'aubades modernes. Peu importe ! Nous ne sommes pas ici pour le lieu, mais pour ceux qu'il reçoit ! Me voilà, en bonne compagnie, aux portes de l'antre enfumé. Les basses rugissent déjà et voilà que mes oreilles bourdonnent d'impatience. Syd, arbore avec splendeur son androgynie qui, mêlée à sa voix angélique, continue à en surprendre plus d'un. Je ne vois qu'elle, elle pourtant si humble, elle dont la voix est portée avec brio par ses compères dont les doigtés experts font effet au contact de leurs instruments.
J'y suis. Je les regarde et me surprends plusieurs fois à m'interroger sur la véracité de ce moment. La version studio que j'eusse autrefois vénérer, me paraît, ce soir, si fade. Prodigieux. Les couplets, les refrains et les ponts se mélangent et s'emboitent à m'en faire perdre ces paroles que j'ai pourtant maintes fois récitées.
Syd et Matt Martians sont, ce soir, de ces nécromanciens modernes qui n'ont besoin d'artifices pour m'envouter. Le cadre feutré, ajouté à ces incantations divines, plongent la salle dans une danse endiablée et langoureuse qui nous fait oublier que dans cette même salle se confondent genres, âges et milieux sociaux. Bien que je n'aie d'yeux que pour mes 5 ensorceleurs, je m'accorde parfois le droit de balayer l'endroit du regard et à dessiner un sourire du coin de la bouche. Je ne suis pas seule, me voilà rassurée, me voilà en lieu sûr ! Je me laisse bercer par la chaleur de cette basse, la justesse de ces notes et ce rythme qui me fait décoller les talons et balancer les hanches. Je ne contrôle plus rien, mais peu importe, je ne suis pas la seule, je le sais, je le vois et même mieux, je l'entends !
La setlist choisie ajoute au Point Ephémère la suite de sa ponctuation : ...
Je m'oublie. Le « je » qui a parfois du mal à trouver sa place parmi ce « nous », s'accorde à merveille ce soir. Nous dépassons le stade du simple concert, de la parade et du spectacle. Ce petit comité qui à l'origine ne partage rien si ce n'est l'inconnu, partage le temps d'une heure, le même espace, le même air chaud, les mêmes sonorités : le même orgasme auditif. Des perles de sueur s'échappent de mon front. Ce qui d'habitude m'inconforte, ne traduit alors que l'expression de ma transe. Je ne contrôle plus rien, mon corps à chaud, je ne sais plus très bien si c'est la foule ou la musique qui fait effet. J'ai à peine le temps de me poser la question que le rappel sonne déjà. Je prie pour la traditionnelle élongation musicale exagérée, pour le faux rappel, quelque chose pour que cet instant ne s'arrête pas.
Une chanson. Voilà ce qui nous est donné. Après tout, c'est déjà bien. Nous faisions partie de cette poignée de privilégiés ! Les enceintes presque assourdissantes s'éteignent et laissent place au vacarme des êtres échauffés par ce à quoi ils ont assisté. Excitation et joie s'accordent. Les sourires et les pattes d'oies prennent leurs quartiers sur tous les visages. Les lumières allumées, les visages sont beaucoup plus faciles à déchiffrer. Nous sommes épuisés, mais tellement rassasiés. Pendant les prochaines 24h, rien ne sera comparable et le voodoo néo-folk fera son effet. L'attente sera longue jusqu'au prochain émoi musical.
Ah ! La magie d'Internet !