Nico-tine

    Le froid me glace les os. J'ai les cheveux dans le vent, et je ne suis pas sûre d'être assez belle ou chic pour rentrer dans cette discothèque. Il fait nuit noire et à côté de nous, la mer se déchaîne. Nous sommes cinq. Et à cette heure j'ai l'impression d'être quatre plus moi.

    Nous entrons dans cette discothèque, et je fais tout pour ne pas poser un seul regard trop long sur toi. Le problème est sûrement qu'avec ton manteau rouge, on ne voit que toi. T'es l'ambiance du groupe. Un rayon de soleil au milieu des lumières tamisées.

    Je tente de ne rien laisser paraître, alors nous parlons. Mon espagnol devient subitement mon français. Ça coule comme de l'eau, et à ce moment précis, nous sommes toujours un groupe, et nous sommes cinq.

    Et puis l'on change d'endroit. Et deux d'entre nous s'isolent. Trois âmes dansantes, deux qui s'aimantent. Je me souviens encore des braises qui sont tombées en moi, lorsque t'as agrippé ma main. Et puis on a dansé. T'as mené la danse. Et je t'ai laissé faire parce que tu danses si bien..

    Plus tard, nous avons rejoint les autres. Et de nouveau, ta main dans la mienne. Un groupe de cinq désormais transformé en deux plus deux, plus un. Et subitement je me sens collée contre toi. C'est tellement agréable que je voudrais ne plus en bouger. Ta main tombera dans mes cheveux et je me dirais que ce n'était pas grave. Tes mots tombent dans mes oreilles et je me concentre sur ce que tu dis pour en savourer chaque son.

    La piste de danse s'offrira de nouveau à nous, tout au long de cette soirée qui me parait maintenant presque comme un mirage. Tu m'enlaceras encore, chaque fois un peu plus. Et je serais incapable de te repousser tellement tu me plais. C'est bête, je sais, mais il ne m'aura pas fallu attendre vingt secondes, dans ta voiture, pour savoir que tu me plaisais.

    Et nous voilà collés, comme deux âmes aimantées. Comme un corps à corps acharné. Mais trop appréciable pour s'en détacher. Tes mains de nouveau sur mes hanches, tes baisers dans mon cou. Et l'heure qui tourne et qui défile, laissant la vague sensation du sable qui sèche, sur ma peau amoureuse de tes baisers. Un moment à ne pas laisser filer.

    Et puis soudain, il y a ton regard d'effronté qui traverse mon âme et donne des spasmes à mon corps. Front contre front, à celui qui aura le plus de désir au fond des yeux. Égalité. Je voudrais ta bouche à la renverse de la mienne. Mais j'aurais peur de tout gâcher, d'enlever l'étincelle. Alors on continuera encore un peu à se chercher, à se désirer.

    Je ne sais pas si t'es réellement magique, ou si tu es malheureusement toxique. Je voudrais croire que tu es magique, mais j'ai bien trop peur, que tu sois toxique.