Noir Désir, les morsures de l'âme

Michel Le Meur

Avec 666 667 Club, le groupe Noir Désir impose plus que jamais sa patte au rock français, poétique, sociale et mordante.

Tostaky et sa tournée au long cours les avait rincés, usés jusqu'aux cordes, les corps meurtris par leur rock à vif. Deux ans de concerts à n'en plus finir, le pied constamment au plancher, au bord du précipice, de l'implosion. Après ces épuisantes tempêtes, il fallait marquer le pas, calmer le jeu et revoir les bases. Retrouver les mots, le goût des autres. Souffler, recharger les accus. En cet été 1996, le quatuor reprit du poil de la bête, de l'instinct de survie, des résolutions. Le bassiste Frédéric Vidalenc mit les voiles en laissant tourner Septembre en attendant. Bertrand Cantat (re)posa (un peu) sa voix sur des textes denses, taillés en pointe, ciselés en poésie ardente, préoccupée par une société en fin de siècle. Agile et alerte, sa langue française portée par le chanteur huilait des guitares au tempérament moins fougueux mais encore capables de remarquables fulgurances. Noir Désir arborait un visage plus éclatant, libérait des espaces, laissait du champ libre à des stridences jazz, à des bribes électro et happait des sonorités venues d'ailleurs (blues, orient...). 666 667 Club récolta les fruits mûrs semés sur des terres brulées.   

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