Nos belles messes, d’antan.
Hervé Lénervé
Quand j'étais petit, j'étais enfant et le dimanche matin, ma mère, nous obligeait à aller à la messe buissonnière. Nous, ma sœur, mon frère et moi, car notre grand frère avait eu une dispense d'office, d'office après avoir collé son poing sur le nez d'un curé qui ne l'avait même pas tripoté, pourtant, pour autant. Mon grand frère était un dur et il ne fallait pas trop lui raconter de sornettes, c'était à l'évocation du miracle de la multiplication des pains, par le petit Jésus devenu grand, qui par association d'idée, déclencha le pain décoché dans la gueule du curé, par mon grand frère. Mystique, il s'ouvrait au don de soi sur autrui, « le grand partage », comme le film éponyme qui confond partage avec pardon, cependant.
Donc, ma sœur, mon frère et moi glandions pendant le temps règlementaire de messe, avant de regagner nos pénates. Et comme, on ne savait que faire, nous entrions dans une grande surface, qui à cette époque n'était que petite, au mieux moyenne par rapport à celles d'aujourd'hui, mais qui faisait déjà chier le petit commerçant de quartier avant que l'épicerie magrébine n'exista. Nous déambulions dans les rayons et à portée de mains d'enfants, des tablettes de chocolat au lait et aux noisettes, rien que ça, nous narguaient, nous qui ne mangions que du chocolat noir, moins onéreux, mais moins bon, aussi, faut l'dire ! Ma sœur qui était plus futée que nous les garçons, parce qu'elle était fille, justement, piquait une tablette qu'elle dissimulait sous son manteau, l'hiver, sous sa robe l'été. A peine sortis du magasin, à peine le forfait accompli, que nous déchiquetions l'emballage et mangions la tablette aux portes de la grande surface. Evidemment on finit par se faire repérer et piqués par la marée chaussé qui avait déjà perdu ses chevaux et ses moustaches, à cette époque.
Toute cette longue introduction pour dire que j'avais une certaine connaissance de la pratique liturgique en les murs de Dieu, car parfois, nous étions obligés d'aller pointer à l'Eglise. A cause du curé, qui s'apercevant de nos absences répétées, nous menaçait de nous dénoncer à l'autorité parentale, maternelle pour nous. Les curés sont prompts à la délation, leur fonction d'honnêteté les oblige.
Or un jour, après que les années me soient passé dessus, comme sur chacun du reste ou comme le train sur Micheline. Alors que j'errais dans la grande désolation d'une peine de cœur, mes pas m'entraînèrent au hasard de ma confusion dans une église. Les rites ésotériques des cur'tons étaient bien les mêmes, un coup d'encensoir à droite, un coup à gauche, éh, tu t'es trompé, là, t'avais déjà fait à droite, qu'importe cela ne sera que mieux désinfecté des scories du Malin. Par contre, le public n'était plus le même, plus dissipé, moins pénitent, ça chantait fort et faux, ça se trémoussait, ça cassait des chaises, ça foutait le feu au transept, ça se défoulait les ouailles comme des volailles en bassecour. A un moment précis de la synergie cérémoniale, chacun se tournait vers son voisin en lui tendant la main. Une main tendue, toute inconnue soit-elle, demande une certaine force de caractère pour être négligée, donc je serrais cette main ballante et moite devant mes yeux. Le propriétaire, de la dite main ballante et toujours moite, me murmura un truc, mais cette manie de bouffer les syllabes, de boire les consonnes, cette manie d'être sourd comme un pot de vin, me fit entendre « José Dubois ». En homme social, je me présentais donc à mon tour. « Enchanté, Hervé Lénervé ! » Les yeux du mec de la main que je regrettais de serrer se firent ronds comme des coupelles sacrificielles. J'écoutais plus attentivement, ce que les autres disaient alentour et je réussis à capter « Jésus est avec toi. » et l'autre de répondre « avec toi, aussi ». Alors, bien entendu, salut, avec mon « Enchanté, Hervé Lénervé. » j'étais assez loin de la réponse convenue, d'où la déconvenue de mon voisin de tout à l'heure (de toute façon quand on a les mains si moites, on embrasse, on ne serre pas). Aussi, quand ma belle voisine de droite, se tourna vers moi, main tendue, j'étais prêt à fournir la réponse idoine.
- Le seigneur soit avec toi !
- Avec toi aussi ! T'as d'bô yeux, tu sais !
Elle devait le savoir, car elle ne sourit même pas, je ne lui avais rien appris et j'irais seul au troquet boire un médicament pour oublier toutes pulsions parasitaires naissantes et je retournerais seul à mon chez-moi-doux-chez-moi, pour m'auto satisfaire.
J'ai toujours confondu l'onanisme qui rend sourd avec l'onirisme qui rend aveugle.
Finita missa est. Amen, man !
J'ai toujours confondu l'onanisme qui rend sourd avec l'onirisme qui rend aveugle... c'est pas du Villon, c'est du vilain :)
· Il y a environ 7 ans ·effect
C’est normal, j’habite Romainville, je suis un Romainvilain !
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé
:)
· Il y a environ 7 ans ·effect
De Villon à Moreau: 5 siècles de poètes insoumis.
· Il y a environ 7 ans ·enzogrimaldi7
Et j'ai failli oublier de dire que la virgule, dans ton titre, est grandiose.
· Il y a environ 7 ans ·enzogrimaldi7
Merci !
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé
Haha! Je ne suis pas sûre de saisir toutes les nuances ayant grandi à côté d'une mosquée avec la voix tonitruante du muezzin qui cloche mais J'aime bien.
· Il y a environ 7 ans ·unrienlabime
Chacun ses croyances, chacun sa croix, moi, m’en fous je ne crois en rien, je suis mécréant.
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé
Frères humains, qui après nous vivez,
· Il y a environ 7 ans ·N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Mario Pippo
« Ballade des pendus » Voilà qui met le cœur en allégresse.
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé
Ça et "La légende des siècles" de Hugo, ma came :)
· Il y a environ 7 ans ·Mario Pippo
Chacun ses additifs. :o))
· Il y a environ 7 ans ·Hervé Lénervé
Œuf corse :)
· Il y a environ 7 ans ·Mario Pippo