Nous vivons une époque étrange

Serge Boisse

Et si on en profitait pour redécouvrir nos valeurs ?

Nous vivons une époque étrange, qui nous force à réexaminer nos valeurs les plus fondamentales, et en même temps se produisent d'étranges inversions.

Nous étions tentés de stigmatiser les chinois, les italiens, les étrangers, et voici que c'est nous qui somme discriminés, séparés, coincés à la frontière, parce que c'est nous qui sommes devenus porteurs de maladie, quelle que soit notre classe sociale, riches et pauvres dans le même bain.

Les usines chinoises s'arrêtent, là-bas l'air redevient pur, mais il leur faut le respirer à travers un masque.

Nous avions l'habitude de travailler sans relâche, de courir après la productivité, l'argent, et nous voici coincés chez nous, des jours et des jours, ne cohabitant plus qu'avec nos proches et nos enfants.

Nous avions l'habitude de déléguer l'éducation des enfants à des institutions d'état, et voila que les écoles ferment, nous obligeant à reconstruire la famille.

Nous avions abandonné une bonne partie de la communication et de la vie sociale à l'univers du virtuel et des réseaux sociaux, et nous sommes maintenant obligés de réapprendre à dialoguer pour de vrai avec de vraies personnes, à supporter et même comprendre des gens qui peuvent ne pas avoir les mêmes opinions que nous, à découvrir ce qu'est la vraie proximité, réelle et non virtuelle.

Nous devons réapprendre la valeur du dialogue et de la contradiction. Nous ne pouvons plus nous câliner, nous embrasser, on doit rester à distance, dans le non-contact. Nous commençons à mesurer l'immense valeur de toutes ces choses que nous tenions pour acquises.

La seule issue est la réciprocité, le sentiment d'appartenance, la communauté, le sentiment de faire partie de quelque chose de plus grand, et de prendre soin de ceux qui peuvent prendre soin de nous. La responsabilité partagée, sentir que votre sort dépend de vos actions mais aussi qu'en dépendent tout ceux autour de vous. Et que vous dépendez d'eux.

Ne faisons plus la chasse aux sorcières, ne demandons plus à qui la faute, n'ayons pas peur, et demandons-nous plutôt ce que nous pouvons apprendre de tout cela.

Des hommes et des femmes sont morts pour que nous ayons des droits, le droit de se réunir, de voter, d'avoir une vie sociale libre, de pouvoir nous exprimer, nous déplacer librement, d'être aimés et non détestés par nos voisins et nos enfants. Le coronavirus nous oblige à nous souvenir que tout cela a une immense valeur.

Faisons confiance à nos dirigeants et scientifiques plutôt qu'aux faux prophètes aux fake news des réseaux sociaux.

Lorsque la crise sera passée, lorsque le virus ne sera plus qu'un souvenir, nous pourrons rire de nos peurs et savourer la redécouverte de valeurs que nous avions oubliées.

Serge Boisse

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