Noyade

requiem

Des mots nécessaires, éructés et écrits dans l'instant, dans la douleur immense d'un chagrin d'amour, de nuit, et en pleine détresse, sans phare pour m'éclairer... Sans fard, je les livre ici.

Mon coeur est en sang. J'ai le ventre ouvert. Je suis allongé sur le dos, immobile, enfermé en moi-même. Locked in. L'insoutenable douleur qui se répand en moi consume ma peau comme du papier d'Arménie, et transforme mon âme en un tas cendres. Je ne suis plus que souffrance, effroi et désolation. L'angoisse discontinue qui me suit comme une ombre me donne la nausée.

Parfois, je me dis que je vais peut-être même en mourir, de ce chagrin. Ce serait romantique. Mais ce serait davantage encore fuir ce qui est, détourner mes yeux rougis de la nécessaire réalité nue. Alors je ne mourrai pas, même si pour la première fois de ma vie, je l'ai imaginé, en finir, en regardant cette double fenêtre, grande ouverte sur la fin de ma souffrance. Mais non, je vais continuer de vivre et prendre cette douleur comme il se doit, de face, et en plein coeur. La recevoir telle qu'elle s'offre à moi, immense, profonde, totale.

Je pleure des larmes d'acide brûlantes, qui ne sortent qu'au compte-goutte, difficilement, péniblement, douloureusement. C'est une cystite oculaire. Des larmes coupantes qui pleurent vers l'intérieur de mon corps, et qui finissent par me noyer entièrement dans mon désespoir. Cette hémorragie d'eau salée invisible me fait sombrer inexorablement, profondément, dans une eau  noire, lugubre, mortifère.

Le drapeau noir de l'immonde angoisse a depuis longtemps pris racine au fond de mon crâne. Je commence à trembler. Mon coeur suffoque. Je perds le contrôle de mon système nerveux, de mes gestes, de ma détresse. D'autres larmes, bien réelles cette fois-ci, viennent à présent inonder mes yeux, troublant ma vue, me forçant à arrêter d'écrire. Tout me quitte, même ça...

Je suis une blessure, ouverte, qui saigne, et saigne encore. Et qui ne se referme pas.

 

  • Jolie Noirceur de la douleur...

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Vise la lune

    Emmy Jolly

  • Quelle profonde et juste description de cette insoutenable souffrance de l'abandon. Rien n'est oublié, chaque phrase a du poids, bravo.
    "La recevoir telle qu'elle s'offre à moi, immense, profonde, totale" quelle pertinence dans le choix du mot "offerte", n'est ce pas là la solution pour la surmonter? La voir comme une offrande de la vie pour nous permettre d'avancer?

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Img 8710

    metis

    • Mille mercis.

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Vatar

      requiem

  • très clair, et pourtant tout brouillé, cette suffocation entre le chagrin, la souffrance d'aimer, et l'angoisse de se retrouver nu sans le regard de l'autre. Je compatis à cet état universel.

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Bbjeune021redimensionne

    elisabetha

    • "nu sans le regard de l'autre" tu as tellement bien résumé cet état....

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Img 8710

      metis

    • Et merci aussi, ici. C'est la première fois que j'écris dans un autre cadre que celui de la correspondance privée. La première fois que je donne à lire mes mots, publiquement. Et vos premiers retours m'encouragent à continuer. Merci, vraiment.

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Vatar

      requiem

    • Tu aurais tord de ne pas le faire, tes écris méritent d'être partagés :)

      · Il y a plus de 8 ans ·
      Img 8710

      metis

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