Nu devant la glace (3)

Ce N'est Pas Moi, Ordi Hacké

Suite de : http://welovewords.com/documents/nu-devant-la-glace et http://welovewords.com/documents/nu-devant-la-glace-2

Lendemain, 16 heures. Notre homme, plan de la ville en poche, était à horaire précis au lieu tant désiré. Stressé d'être le seul devant le musée à sembler attendre. Attendre quoi ? Attendre qui ? Après tout, une simple parole d'une jeune femme donnée dans un train. Peut-être que celle-ci essayait tout simplement de conclure la conversation poliment ?

16 heures précises, Héloïse était pourtant bien au rendez-vous. Parée d'une robe de mille fleurs, d'un rouge à lèvres délicieusement rosé, de boucles d'oreilles bleues horizons et de talons aiguilles lui affinant la taille. Elle, avait bien vu notre homme mais se demandait timidement ce qu'elle faisait là.

Elle s'avança silencieusement, du mieux qu'elle pouvait sur la pointe de ses talons. Et là notre homme eut révélation, s'il ne l'avait pas vu, c'est qu'elle ne ressemblait pas à la veille mais était encore plus lumineuse. Comment pouvait-on être encore plus belle que la beauté suprême ?

Une bise, maladroite, timide et touchante.

Il faisait tellement beau, tellement chaud, les gouttes de sueurs perlaient chez les deux gens.

« Allons vite nous mettre au frais… A moins que nous allions boire ce fameux verre ordinaire avant ? » pris en premier la parole notre homme.

« Devant cette étouffante canicule, je ne dirai plus non… J'ai marché une demi-heure jusqu'à notre point de rendez-vous et je suis arrivée exténuée. La perspective d'une eau minérale gazeuse est ma priorité.

-       Alors, avançons jusqu'à ce bar qui est mitoyen au musée. »

Deux eaux minérales gazeuses à leur bonheur et une discussion qui s'engageait :

« Vos affaires de divorce avancent-ils ?

-       Je signe les derniers papiers demain matin. Je crains ce moment là où mon mari me croisera dans les couloirs, il semble encore attiché de moi, du moins dans sa manipulation. Il sera là sans doute à vouloir soutenir mon regard et à me voir faiblir.

-       Souhaitez-vous que je vous accompagne au moins jusqu'à la porte ?

Héloïse était stupéfaite :

-       Comme une sorte d'ange gardien ? Nous nous connaissons à peine… Et mon mari est très jaloux. Toute relation amicale m'était même fortement dénoncée. Vous auriez des ennuis.

-       Vous savez, après ce que j'ai traversé dans ma vie de mélancolie et d'hésitations, il me semble que je n'ai plus peur de rien.

-       Vous êtes bien sûr de vous Monsieur dont je ne sais le nom…

-       Juste réaliste face à la cruauté de la vie. Mais parfois, celle-ci me semble enchanteresse, surtout depuis que votre magasine vous est tombé des mains…

Rougissements réciproques.

-       Et bien Monsieur, il me semble que nous pouvons aller désormais au musée, me voici rafraichit et curieuse de me cultiver.

-       Un instant…le musée ferme tard, ne voulez-vous pas continuer notre délicieuse conversation ?

-       Délicieuse ? Vous êtes bien flatteur… Attention, j'ai été manipulable facilement mais désormais, je suis une résistante ! Vous semblez chercher à me courtiser…

-       N'est-ce pas vous qui vous êtes ainsi parée physiquement de tant de délices, était-ce innocent ?

-       Un point !

-       Alors je souris.

-       Bien Monsieur, mais revenons à nos moutons, vous me parlez depuis hier de mélancolie. Qu'est-ce donc que votre vision de la vie ? Qu'avez-vous vécu de si terrible ?

-        Je ne voudrai vous ennuyer… Disons que je n'ai pas eu l'enfance facile, enfermé seul entre quatre murs avec pour distraction unique les livres. Les livres sauveteurs… Des parents fuyants, refermés sur eux-mêmes et un frère décédé jeune. J'ai été bercé de la nostalgie de Jean Jacques Rousseau et de Chateaubriand. Je pense que j'ai corrélé leurs vies à la mienne et que j'ai pris pour habitude de me référer à ma madeleine de Proust, qui s'appelait Isabelle. Depuis qu'elle est partie, je ne ressens plus les odeurs de la même façon, ma vue est troublée… Mais aujourd'hui, c'est par vous qu'elle se trouble…

-       Vous deviez l'aimer cette Isabelle… Pour en parler ainsi… Je ne peux en dire autant, je crois n'avoir jamais vraiment aimé… Je ne demande qu'à apprendre de l'amour mais encore me faudrait-il trouver un homme.

-       Et si vous le trouviez plus rapidement que ce que vous pensiez ?

-       Monsieur l'arrogant pense-t-il à lui-même ?

Sourires et soupirs.

-       J'étais parti dans l'idée de retrouver mon Isabelle… Et je tombe là sur une perle… Ne croyez-vous pas au destin de la vie ?

-       Non je suis plus du côté du hasard.

-       Mais revenons-en donc au fait avant que je perde pieds, que pensez-vous de la vie, vous ?

-       Du mal et du bien ; comme vous le savez j'ai été trahie par un homme et je ne pense pas en être remise. Bien mal est ma confiance à autrui depuis. Je suis une femme très sensible et sensitive. Je ressens les émotions mauvaises. Ce qui ne me semble pas le cas en votre égard… J'ai également beaucoup de mélancolie. Ma vie de jeune fille sur les quais parisiens, à lézarder entre les kiosques, à étudier l'histoire des arts et à me faire délicieusement alpaguer par des regards de beaux jeunes hommes, sans toutefois m'en enticher. Ma liberté était ma condition de vie. Mais, voici que j'étoffe ma vie égoïstement… Je me sens toute gênée…

-       Mais continuez donc… A moins que la visite de musée ne vous fasse du bien ?

-       Mais j'y pense ! Il ne nous reste que deux heures, nous n'aurons jamais le temps de faire le tour de ce musée. Je crois qu'il va falloir que je reporte ma visite.

-       Votre visite ? Ou notre visite ? Oh que je deviens taquin, je n'ai plus l'habitude de parler aux femmes, veuillez excuser mes maladresses…

-       Je vous pensais plus sûr de vous… Je me dépêche de filer de peur d'être tentée… Je me perds que dis-je… Je vous laisse mon numéro, attendez quelques jours avant de me rappeler… J'ai besoin de retrouver un peu de solitude…

Et Héloïse de laisser notre homme seul et songeur à sa table. Dans quelques jours, il pensait continuer son voyage sur la Norvège, là où il croyait être Isabelle. Mais il n'était plus tellement sûr de vouloir la retrouver…

Quelques jours lui semblait un lustre. C'est ainsi que dépité, il s'affaira à quitter table et à se rendre à son hôtel.

  • y aura-t-il un numéro 4 ? car le voilà tout seul comme un nigaud, tu ne me peux pas le laisser ainsi choir !.... :-) il doit au moins lui dévoiler son prénom ! car que dira t-il au téléphone ? allo, c'est, c'est l'homme du débit de boisson à côté du musée !.... lol :-)

    · Il y a environ 8 ans ·
    12804620 457105317821526 4543995067844604319 n chantal

    Maud Garnier

  • Vont - ils se retrouver ? Je l'espère !

    · Il y a environ 8 ans ·
    Louve blanche

    Louve

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