Nue.

prejudice

Ça m'a pris comme ça un jour. C'était les vacances. Elle m'avait enfin envoyé le premier message. Je lui avais carrément donné mon numéro. Deux fois. J'avais insisté pour elle. Ça me changeait. Enfin pas tant que ça. Pas pour l'instant.

On parlait beaucoup par messages, elle était différente. Elle dégageait beaucoup de chaleur et de douceur. Elle souriait toujours. Naturelle.

En la dessinant nue je me suis mis à nu. Oui, à nu, parce rien ne m'obligeait à lui dire que je l'avais fait. Et plusieurs fois même.

Je me suis mis à nu parce que je commençais à l'aimer et je l'ai laissé deviner. Elle s'est trouvée belle. Elle était femme. Femme au naturel.

Je l'observais assez longtemps la journée pour revenir à mes dessins le soir. Ses cheveux, son dos, son cou, sa poitrine. Elle aurait fait la une de mes magasines. Ça l'a touchée. L'a mise en confiance. M'a fait flipper.

Nue.

Et le temps passait. Ces croquis devinrent Obsession. Elle le devint. Je ne savais plus trop ce que c'était, quels étaient ces coups de sang qui me traversaient quand mes yeux se posaient sur elle ? Et encore aujourd'hui, quand mes yeux s'attardent sur son ombre ?

Alors j'ai brûlé ces désirs ! Et j'ai jeté ces dessins. L'alcool a tout emporté encore une fois. Et tard dans la nuit, j'ai renié ces envies d'elles. Ces envies de nous. Ce désir interdit qui m'a fait saisir mon crayon : je l'ai étouffé. Je crois même qu'il est mort.

Pourtant, j'ai voulu lui offrir du temps. Du temps avec moi. Un avenir. Des sorties. Mes dessins. Ou plutôt ses dessins. J'ai carrément pété un plomb en réalité. J'ai vrillé le jour où j'ai décidé que je pourrais l'aimer. Et surtout, j'avais déjà changé le jour où j'ai compris qu'il était trop tard.

Il était trop tard. J'avais merdé. Elle le savait. Ainsi commença notre semblant d'histoire.

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