Le Beau Et Le Moche #9 - Les Moleskines - Dans Paris

Carnet de voyage numero neuf - Porte Dorée #LeBeauEtLeMoche

J'ai une fascination maladive pour mes congénères. Ceux avec qui je partage quelques instants sur Terre, ceux que je croise et croque au crayon dans le métro. Ceux qui ne représentent pour moi qu'une enveloppe charnelle et avec qui je ne partagerai jamais rien.

Dans un métro, la palette des visages est incroyablement riche: la magie des mélanges des molécules qui composent chacun de nous donne à voir une peinture instantanée, éphèmère et d'une stupéfiante hétérogénéité.

Un des constats les plus simples et les plus injustes qu'il est possible de faire soulève une question qui peut paraître désuète et hargneuse mais qui revêt une importance capitale dans la vie quotidienne de chacun d'entre nous. Pourquoi y'a-t-il des gens beaux et des gens moches?

Dans chacune des rames d'un métro Parisien, il est possible de trouver la belle et la bête. Dans certains visages, l'alchimie et le parfait dosage sont frappants et fabriquent un ensemble visiblement beau. Dans d'autres visages, il suffit d'un détail pour que saute aux yeux la laideur. La répartition aléatoire entre les individus des éléments constituant de la beauté et de la laideur est foncièrement créatrice de déséquilibres et d'inégalités tant notre époque idolatre la perfection des visages et des corps.

Elle, elle le sait qu'elle est belle. Assise sur le bord d'un strapontin, elle a compris que ses caractéristiques physiques la font émerger de la masse informe de la foule.

Elle, elle compense, un livre de Kant à la main. Elle a compris qu'à défaut d'une plastique fantastique, elle devra émerger autrement.

Carnet de voyage numero dix - Réaumur Sébastopol #LaCéléritéDeL'acide