O.Bloque

Marina Damestoy

Rêve, grève dans la rue, pour rien, pas un clou, ma chair dans le caniveau... même pas un billet, même pas un bout de métal, rien. Éviter les coups contingents. Un coup de pied à la volée, venu de je ne sais où. Le rythme, le rythme, le rythme... n'a rien à voir avec le mien, des moteurs. Je suis dans la rue, duvet bleu, un folio avec ma lampe de poche, il fait jour, à quoi bon. Une femme toque à mon sac de couchage, elle me fait perdre le fil. Je dézippe, il neige, ce n'est pas la première fois. Elle voudrait m'indiquer un appartement à squatter en face du sien. Elle me dit qu'elle peut organiser le pied de biche et la scie sauteuse avec un pote. Très bien. Merci. Je rezippe. Mon roman. Froid, neige pénètre. Je suis dans la rue Montmartre, j'ai le même âge qu'elle. Apparemment elle a galéré aussi avant de se retrouver dans un appartement, je suis saoulée, c'est bien mais elle, elle est loin du son.
Lendemain,  elle revient, même roman dans ma main, mon bleu fou le camp, j'ai mangé comme j'ai pu. Dans son regard, nous sommes les mêmes, elle souffre. Je ne peux pas gérer. Rien à dire, oui, non, merci. Dur, ces gens qui rentrent comme ça, je rezzippe. Surlendemain, je tisse un collier, tête en dehors cette fois-ci,  ne suis pas dans le bleu. Le bruit s'infiltre, poison rampant. Elle voit mes perles de verre, perles de verres, perles de verres, à l'infini .... Je vois ! Elle m'explique - alors que je m'en fou, forcement - que manque de chance l'appartement vient d'être loué mais qu'elle téléphone au DAL avec moi, là sur le trottoir avec son portable, pour trouver une solution tout de suite, c'est la neige qui la fait flipper. Moi c'est le son et son portable aussi, attribut de l'intégrée parfaite ... Le son, pas idée ! Roues, freins, klaxons, bus, scooter dans ma tête, y'a même plus de phrases à tisser, juste l'impact, l'épilepsie. Je la jette, elle a « Babar » au bout du fil, je l'emmerde, je ne bougerai pas et eux veulent que je me déplace, non. Non, rien à faire, pas moyens, trop de coups déjà, trop de nuits pour rien ici et là. J'ai mon porche, je ne crois plus.

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