Octobre rose

pardessuslajambe

Il y a eu le noir.
L'annonce. Les mots qui giflent, qui claquent, qui griffent.
Certains se souviennent que ce jeudi là il faisait beau.
Toi tu sais qu'il faisait noir, et moche, et froid. Et que le ciel était bas.
Il faisait noir comme la nuit, la peur, l'injustice, le pourquoi.
Noir comme ces phrases qui t'ont abîmée bien avant tout le reste.
Pourquoi. Pourquoi. Pourquoi.
Pourquoi toi.

Il y a eu le rouge.
Comme on se relève, et comme on combat.
La guerre contre son corps. Ou plutôt avec lui. La lutte pour la vie.
Le regard debout, même quand la maladie te couche.
Surtout quand la maladie te couche.
Toujours debout.
Toujours.
Debout.

Il y a eu le vert aussi.
L'espoir. La vie qui continue.
Parce-que tu n'étais pas le cancer. Tu as eu le cancer, nuance.
Toi tu étais cent fois plus que ça. Tu étais tout, mais pas ça.
Tu as appris à écouter tes envies, tu as démultiplié les projets.
Malgré la maladie.
Cet adversaire, « cancer », ne t'a jamais rendue moins belle. Il a souligné ta force.

Il y a eu le blanc.
Des hôpitaux, des blouses blanches.
Le blanc des aller-retours, de chez-toi à là-bas.
Tu as mis tellement d'énergie à effacer l'inquiétude et la peur dans les yeux de ceux que tu aimes.
Tu leur disais que « non, ça va, ça fait pas trop mal ».
Même quand ça faisait un putain de mal de chien.
Ça fait mal, mais ça fait rien.
(Ça fait mal.
Très mal.
Mais toujours moins mal que la peine dans leurs regards).

Le jaune enfin. De la victoire, de la rémission.
Jaune soleil, jaune éclatant, jaune bouton d'or.
Le jaune dédié à celles qui auraient aimé s'en parer de ce jaune lumière. S'en emparer.

Aujourd'hui il y a le rose.
Une prise de conscience et de position.
Un armistice autant qu'un combat.
Un mois pour faire front, tous ensemble.
Pour faire perdre du terrain à cette maladie qui t'a pris un sein.

Prévenir pour mieux guérir. Mais surtout entendre, aimer, comprendre.
Le regard toujours debout.

Octobre rose


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