On devrait recommencer

Budmo

Peut-être qu'on a tout fait dans le mauvais sens, qu'on a commencé à l'envers.


On a couru au devant des sentiments perdus, de l'amour qu'on désirait sans savoir ce qu'on voulait vraiment. Tu sais comme si on avait été papillon avant cocon, comme un contre-temps, oui c'est un peu con. On avait notre capital bonheur, qu'on a soufflé avec trop d'ardeur. Peut-être qu'on a commencé par verrouiller la porte d'entrée alors qu'on voulait rentrer et qu'au fond on était déjà trempé avant de vouloir se laver. Ou bien on est emplis d'énergie lors de l'apparition de la lune, lorsque le quartier dort. Et peut-être qu'on est déconnecté de la terre pendant qu'ils votent. Qu'on se loge à travers ces champs sur Jupiter dans notre tête, avec uniquement de l'amour et de la vanité. On s'enorgueillit trop dans le fond, on aurait peut-être du placer la barre plus haut, on ne serait pas là à ce jour, à se retrouver comme deux imbéciles ne sachant que faire de leurs journées.


On a ramassé nos peines dans le tronc creux du vieux chêne, puis on a amèrement caché nos larmes dans nos cœurs, nos talismans. On a fait nos armes. On aurait peut-être du faire comme toutes les autres personnes aussi insignifiantes que susceptibles, jouer de la séduction pour finir tout deux dans le même lit avant de se mettre ensemble, faisant rimer notre situation avec bonheur et romantisme. Il nous fallait peut-être un premier rendez-vous au cinéma ou au restaurant au lieu de s'asseoir quelques heures, jusqu'à apparition de l'aurore, sur un banc comme deux clampins. 


On se cachait dans les ombres de la lune, les pieds dans les flaques de sable froid, derrière la dune, tu n'écoutais plus que moi. Il nous fallait peut-être un mode d'emploi pour nous dicter comment réparer notre cœur meurtri, nettoyer notre tête emplie de pensées trop encombrantes et peut-être pour savoir comment il fallait vivre aussi.


Nous étions deux gosses perdus, moi banale et toi bancal. Romantiques et poètes, nos gestes maladroits trahissaient nos rêves ambitieux de carrières obsolètes. Peut-être bien que se lever tous les jours à sept heures du matin et rentrer à dix-huit heures du soir c'était ça le bonheur, ou du moins les revenus de ces dures journées de labeurs. Mais je n'en sais trop rien, je pense être née dans le mauvais sens, avec une mauvaise perception de notre quotidien. 


On dansait sous la mer, on riait dans le vent

On s'armait pour affronter la vie

Alors qu'elle aurait du faire nos armes

En ayant peur de souffrir 

On a gaspillé nos sourires

On a trop profité

On devrait recommencer 


C'est peut-être ça dans le fond, peut-être qu'on a simplement tout commencé à l'envers et qu'on est fait ainsi.

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