je Te raconte
eaurelie
Tu n'y arrives pas. Non, tu n'y arrives pas. C'est triste. Tellement triste. De voir une vie ainsi. Une vie laissée à l'abandon, au milieu d'un corps en friche. Tu n'es pas triste, en colère ou malheureuse. On pourrait, à la rigueur, t'ajouter à la foule qui présente le mot "Dépression" écrit en braille dans leur CV divin. Peut être. Puisqu'au final, cette maladie qui englobe tout, donc rien, englobe dans le même temps tout un tas de gens. Mais on ne pense pas que çà soit çà. Ou peut être que çà l'est. Mais la parole qui te va le mieux, c'est Vide. Tu es vide. Vide d'émotions, vide de rires, vide de vérités, vide de joies, vide d'amour, vide de confiance, vide de foi, vide d'amis. Tu es vide.
Tu y arrives pas. çà fait des mois maintenant. Des mois où tu te remplis consciencieusement. Comme une baignoire, presque. Tu te remplis de souvenirs, de rires, de complicités, d'amis, de sorties, d'expériences. Mais tout finit par s'écouler hors de toi. Tout s'évapore. Et tu te retrouves vide à nouveau.
C'est par cycles. çà fait parfois très mal. D'autres fois, tu es sous anesthésie. Mais les hommes ne sont plus des hommes. Tu as complètement effacé de ton vocabulaire tout ce qui se rapporte à l'affection, à la tendresse, aux sentiments. Tu es.. vide. Vide, remplie de vide. Entourée de vide. Tu n'y arrives plus. Depuis l'autre, le tout premier, tu n'y arrives plus.
Tu ne te trouves plus belle, tu ne trouves plus douée pour rien, tu t'isoles, tu t'enfermes. Les remarques glissent sur toi. L'avantage évident est là. Toutes les remarques te glissent dessus, sans aucun dommage. Tu te fous de ce que pensent les gens, te concernant. Tu t'en fous parce qu'ils ne font pas partie de ta vie. Ils n'ont aucune importance, aucune incidence. Rien. Tu t'en fous.
Tu te fous de tout à tel point que tu serais prête à donner ta vie à quelqu'un. Parce que tu es consciente que tu la gâches. Tu la réduis en miettes jour après jour. Tu ne sais pas comment te défaire de cette douleur sourde, de ce blog de granit que tu as au fond du ventre. Tu ne sais pas. Parfois, quand tu t'endors, tu souhaites mourir. Tu souhaites être frappée par le Divin. Qu'il t'enlève, là, de cette pauvre terre et qu'il remette tout ce stock de jours que tu as encore au compteur à un ovule fécondé. Un autre.
Tu veux seulement oublier cet homme. La trahison. La douleur. La jalousie. La haine. Le désespoir.
Tu veux. Mais tu y arrives pas. Parce que tu ne sais pas comment faire.
Les marques sont plus vilaines que jamais. Tu ne fais confiance à personne, tu ne te fies à personne, tu hais de manière instinctive les menteurs et les manipulateurs. Quand une personne proche te déçoit, tu es déjà loin. Elle est déjà sous un trait, cette personne. Tu resteras avec elle mais tu sauras. Tu sauras qu'il ne faut pas lui faire confiance pour les choses importantes.
Tu demandes au cosmos, presque, comment faire pour refaire confiance? Quand tout le monde autour de toi, te déçoit, jour après jour.
A quoi çà sert de se faire des amis si c'est pour qu'ils te plantent un couteau dans le dos ensuite?
çà sert à rien.
La douleur arrive pas à passer le barrage des mots ce soir. Elle reste accrochée au corps. Refusant l'arrivée du sommeil. Refusant tout sinon l'éveil et la souffrance vive. Intacte. Même après tous ces mois..
Ce n'est pas juste..
J'aime beaucoup!
· Il y a environ 10 ans ·lune-noire
La souffrance est profonde mais passe ! L'amour ... Se transforme en haine. ? Seul l'amour véritable demeure.
· Il y a environ 10 ans ·albatros-perdu
Ah, bravo. C'est tellement rare un texte bien écrit qui tienne la route.
· Il y a environ 10 ans ·petisaintleu