On verra et puis.

vertige-des-points

 Dans la vie, il y a deux catégories de personnes : il y a celles qui tombent, à cause d’un trou, d’un caillou mal placé, ou de chaussures inadaptées. Ceux là ne se font pas avoir deux fois au même endroit. La fois d’après, ils contournent le risque, ou alors, enfilent de meilleures chaussures. Et puis il y a celles qui trébuchent une fois. Cela ne les empêche pas de se casser la figure chaque fois qu’ils y repassent. Elles reprennent chaque fois le même itinéraire, et se figurent, à tort, de pouvoir emprunter le chemin, sans égratignures. Il suffirait juste qu’elles se rappellent la douleur ressentie auparavant, qu’elles mesurent l’impact, mais c’est peine perdue. Cette catégorie d’individus, j’en fais partie. Lorsque j’étais enfant, j’avais les genoux en sang presque tous les jours. Mais les petites éraflures d’hier ont laissé place à des plaies moins visibles, impossible à soigner avec de l’éosine.  Moi je suis le genre de fille qui compare la vie à des choses. qui cherche une autre manière, moins brute, de définir la sienne. Et chaque fois, la comparaison ne tient pas. Entre exister et vivre il y a tout un monde. En fait, non, juste un mot. Volonté. De tous les manques, c’est celui –ci qui me fait le plus défaut. Et le plus pathétique, c’est que tout dépend de moi, il n’y a qu’à le décider. On verra demain. On voit toujours demain. Et un jour on se rend compte qu’on a rien regardé. Ou justement, qu’on a regardé avec attention, et qu’on a rien fait. Ce jour là,  c’est aujourd’hui. Peut-être avant-hier.

Signaler ce texte