Orage à Majorque
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Steeve l'avait ferrée, fermement, brutalement, d'un regard d'acier qui lui avait foré un trou supplémentaire, au milieu du cerveau. Dans cette boîte de nuit à la musique molle, où les danses spiralées agitent des corps moites, ses iris incandescents l'avaient subitement galvanisée, comme une décharge électrique hérisse les poils, la carbonisant d'une jouissance fulgurante et purement cérébrale. Cette étincelle entre leurs yeux, qui pétillait et crépitait… elle aurait dû crier au feu ! Mais Jennifer la douce, la chérie aux pores serrées, gironde et blonde, s'en trouva subitement tout amollie, il n'y eut rien à faire. Elle aurait été assez souple pour prendre ses jambes, qu'elle avait fort agiles, à son cou, mais non, elles l'ont lâchée, et elle s'est affalée presque gracieusement au milieu de la piste. Son sort était scellé.
Steeve avait fait le beau. Il matait la belle blonde qui éclairait à elle seule, de sa peau radiante, les 50m2 de piste et quelque 50 beaux bobo danseurs de la boîte de nuit majorquine : les hommes transpiraient, elle brillait, luciole éphémère, les filles dansaient, futures mémères, elle se mouvait langoureusement, mante laïque et charnue aux longs bras duveteux. Une apparition surnaturelle dans ce temple nocturne du bronzage au goût de caramel brûlé. Il avait chauffé son œil à blanc, allumant une étincelle qui s'enflamma dans le regard de la fille, ça pétillait et crépitait, c'était divin ! Touchée, tombée ! L'extra blonde extraterrestre est couchée sur la piste, jambes en l'air, déjà.
Jennifer se relève, s'époussette fièrement en repoussant les bras collants qui lui veulent peut-être du bien. Basta ! Lâche mon sein ! Besoin de personne. Presque personne. Où est-il ? Où est cet individu qui, sans autorisation, a pénétré plus loin que quiconque, plus vite que personne (et dont elle ne connaît le nom, pourrait-ce être Terence ?) un lieu dont elle ignorait qu'il put être une zone à elle seule aussi radicalement érogène ! Elle avait en un éclair ressenti ce « bouillonnement d'ardeur » originel, une giclée à 100°C déclenchant un orgasme nouveau qui l'avait brûlée vive. Mais c'est moi qui décide ! La blonde incandescente doit réagir vite et bien, elle n'est pas n'importe qui, quand même !
Jennifer balaie du regard la piste où, comme sur la plage abandonnée, elle ressent une solitude nouvelle, pressée pourtant dans la foule des zigzagueurs dragueurs et poupées robotisées qui s'aimantent et se repoussent au gré des envies du DJ. L'hommes est là, un peu plus loin, adossé au seul bar de la boite, un bar c'est peu, la pression est retombée. Son regard flotte, tiens donc, se dit Jennifer, il a l'air vulnérable ! Steeve lève les yeux, croise une vision d'une douceur inégalée, regarde à terre, et s'abandonne. Son sort est scellé.
Intérieur nuit : vue plongeante sur un lit, où deux corps éclairent dans un rayon de lune le recoin sombre d'un baldaquin gainé de peau de requin. Hôtel grand luxe ! Steeve l'a levée comme une pute, Jennifer l'a suivi comme son maître, et là, au creux du matelas Epéda multi spires, elle soupire, et gémit, il la touche, et bouche successivement de baisers délicats ses trous que la nature a ouverts. Comme cela semble doux, et dur aussi, elle est écartelée, offrant un con un peu poilu et un cul bien rond. Elle est toute blondeur, lui se régale de son goût sans fadeur, un peu crevette, un peu iode, mais délicieux, qui le fait voyager.
Steeve mène la danse, et aussi culotté qu'il peut l'être la queue en l'air, retourne , sans l'interroger , Jennifer pour l'admirer à l'envers, cul par dessus tête. Elle le laisse faire, et à quatre pattes, déguste en concentration ciblée le suçon mouillé de sa langue sur son clito qui bande, oh, que ça ne s'arrête jamais! Jennifer a oublié l'orgasme express qui l'a terrassée plus tôt, et plutôt que de le regretter, s'oublie dans la jouissance d'un plaisir qui dure. Un orgasme cérébral, c'était du jamais vu, et c'est violent, mais son cerveau lui envoie là, par ses nerfs excités, des infos autrement plus mémorables ! Elle a baissé la garde, elle va tout accepter, elle ne veut être qu'une peau, celle de ses seins dressés aux aréoles piquetées comme chair de poule, celle de sa gorge qui luit et rougit, celle de son ventre frémissant, de sa nuque parcourue d'ondes électriques, celle de ses reins qui se serrent en spasmes de désir, de ses fesses et de ses cuisses ouvertes, de son sexe qui se tend dans l'attente d'une queue douce et énergique.
Celle de Steeve est gonflée de promesses ! Jennifer sent en creux le manque de cet organe qui va venir, bientôt, l'empaler comme on cloue au pilori. L'homme la soulève, décolle son cul du drap tendu, et, agrippant ses hanches blanches, l'encastre sur son vit. Vite, viens, va et viens, viens et va, enfonce en moi ton canon, bats des couilles contre mon con, écoute le bruit que nous faisons ! Steeve et Jennifer, à l'unisson, s'activent, lentement cette fois, il n'y a pas le feu, ça glisse au pays des merveilles, et va et vient le piston…
…Piston à cou lisse, car soudain sous la main de Steeve, la peau de satin de la gorge de Jennifer glisse comme un savon Roger et Gallet….En plein rut, il a senti monter en lui la pulsion qu'il connaît bien. Mais il ne peut serrer le cou délicat qui échappe à sa pression. L'extra blonde est vraiment extraterrestre ! Elle détient des pouvoirs qu'il n'a pas détectés. Il va devoir renoncer, cela ne lui était jamais arrivé. Son regard fonce et redevient métal, sa pensée s'assombrit : sauter cette blonde atomique, certes, le ferait jouir, mais que dire de la voir s'évanouir dans un souffle de rose, sa bouche incarnat délicatement déformée par l'asphyxie ?
Jennifer sourit en coin, l'air de dire on ne m'y prend pas… Ah bon, tu veux jouer à ton jeu sans m'y inviter ? Crois-tu que tu vas prendre la meilleure part, et que je vais me laisser faire ? D'un coup de rein lascif, elle l'achève sans ménagement : l'homme décharge brutalement, sans véritable acmé, juste un petit bouton au bout du nez qu'il pressera plus tard.
Steeve est furieux, son teint vire, prenant une nuance de grey inédite. Il se dit qu'elle ne perd rien pour attendre. Il voulait la prendre, et la surprendre, il la prendra bien finalement, et selon ses propres règles, quand elle le suppliera plus tard de recommencer.
Jennifer est déjà debout, et devant la fenêtre regarde le ciel décharger lui aussi, pluie battante d'un bel orage d'été. Sa peau irradie, luciole somptueusement éphémère, et quand un éclair blanc zèbre le ciel de part en part, elle se cabre et jouit en criant, puis se tourne vers le lit : le drap est froissé, et taché d'une auréole de carbone. Steeve a disparu, il s'est dissout dans le noir revenu de la chambre exotique. La mante était religieuse.