Oraisons

Hervé Lénervé

Je suis le préposé aux oraisons funèbres dans la famille.

Pourtant, cela avait mal commencé avec celle de ma mère. Un bide complet ! Personne n'avait ri.

Puis je me suis perfectionné avec celle du tonton Marcel. Les proches allaient se cacher dans le confessionnal pour se gondoler. Même le curé a lâché à la fin, « Un Sacré cochon ce tonton Marcel ! »

Et depuis, j'écris pour les morts. Bon, je dois admettre que mon humour noir caustique ne passe pas toujours. Ils voudraient que j'écrive de l'humour rose bonbon. Pour un mort, ce serait inconvenant.

Donc, j'ai abandonné les Eglises pour passer à la Poste en tant que préposé. Toujours dans la littérature. Mais ils ne m'ont pas gardé. A cause d'une bête histoire de timbre.

Je voulais lui coller son timbre sur son enveloppe, à la vieille. Qui m'emmerdait avec son histoire de timbre, dont la colle lui donnait des aphtes. Alors que les timbres sont autocollant depuis Charlemagne qui a inventé l'école et l'imprimerie, aussi. Bref, je lui ai collé sur la gueule son timbre à la vieille, sans m'en rendre compte.

Enfin, viré de la Poste avec dix ans d'interdiction d'y retravailler, parce que je l'avais sous-tarifée, la vieille.

Et maintenant je vends des journaux gratuits.

Toujours dans la littérature, quand on a ça dans le sang !

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