Orlando (Boom).

mamselle-bulle

Orlando,

Je  t'écris, les mains tremblantes, le cœur battant.

Je n'avais jusque là pas ressenti le besoin de le faire.

Je ne savais pas comment exprimer ce que ça m'a fait, là et là.

Je n'ai pas l'habitude de me définir comme homo, bi ou autre catalogue.

Je n'ai pas l'habitude car je fais partie de ceux qui n'aiment pas les cases.

Je ne suis pas une habituée du « milieu », je ne fais pas systématiquement la gay pride.

Je vis ma vie sans ressentir le besoin de la crier sur les toits.

Je ne me définis pas comme homo, parce que ce n'est pas ce qui me caractérise principalement.

Je n'ai pas l'habitude car la société nous pousse à ne pas trop nous habituer.

Je n'ai pas l'habitude car j'aime mes amis peu importe qui ils aiment.

Je n'ai pas l'habitude car ils m'aiment aussi, peu importe qui j'aime.

Je n'ai pas l'habitude, car leur amour me suffit.

Mais aujourd'hui j'ai le cœur serré.

Je m'imagine à leur place, tuer pour une question d'amour.

Je m'imagine dansant avec « ma meuf » tranquille, sans rien demander à personne.

Je m'imagine voir des armes se pointer sur elle.

Je m'imagine les supplier de lui laisser la vie sauve.

Je m'imagine le cœur déchiré, les mains sanglantes, choquée pour le reste de ma vie.

Je ne peux pas dire que je sais ce qu'ils doivent ressentir…

Personne ne le sait véritablement quand il ne l'a pas vécu.

Alors je ne peux qu'imaginer et écrire, combien je trouve ça dégueulasse.

Alors je ne peux qu'imaginer et ressentir pour une fois l'envie de crier sur les toits…

Non pas combien, je suis fière d'être amoureuse d'une femme, parce que tout ça c'est le choix de mon cœur,  pas le mien.

Non pas combien je me revendique comme « gouine  porteuse de robe et de rouge à lèvre », parce que ce n'est pas ce qui me caractérise.

Mais combien je suis en colère que d'autres soient morts pour ça.

J'ai envie de crier sur les toits, combien j'espère que la haine ne prendra pas le dessus sur l'amour.

Je ne comprends pas bien ce qui se passe encore.

Tuer au nom de l'amour, c'est tellement dénué de sens.

C'est comme tuer des gens qui vont à un concert, ou boire un verre.

Qu'est-ce qui a pu vous arriver?

Qu'est-ce qui a bien pu vous arriver pour vous réveiller un beau matin et vous dire « tiens si j'allais buter quelques personnes ? »

C'est flou, horriblement flou.

Alors non, ce n'est pas mon cœur d'homo qui parle.

Non, c'est juste Lou qui parle avec son cœur d'humaine.

Je ne parle pas que d'Orlando, mais de tous ces massacres qui se passent partout dans le monde.

Quand cela va-t-il cesser?

Est-ce que nos yeux vont s'habituer à l'horreur?

Quand pourrons nous retourner faire la fête avec les copains sans craindre de se prendre une bastos?

Je ne suis pas lesbienne, gouine, ou amatrice de bon vin blanc, je suis Lou, humaine, comme toi, comme lui derrière son flingue.

Je suis Lou, tombée amoureuse d'une femme, vas-tu me tuer pour ça?

J'ai de la peine quand je pense à toutes ces personnes, j'ai de la peine quand je pense à leurs proches.

Orlando, j'ai de la peine pour toi, et pour tant d'autres dans le monde.

Orlando, ne cède pas à la haine, ne fais pas l'amalgame.

Orlando, trinquons ensemble aux lendemains plus beaux.

Orlando, je  t'écris, les mains tremblantes, le cœur battant.

Je n'avais jusque là pas ressenti le besoin de le faire.

Orlando boom, s'il te plait bats toi.

A coup d'amour, trinquons pour ça.

 

 

 

 

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