"ôtez moi ces poils, Madame, vous êtes sale!"
Möly
Je suis en guerre, oui, on peut le dire. Je suis virulente, agressive, parfois extrême oui si vous voulez. Je suis énervée, en colère et la première chose qui m'énerve c'est quand on me somme de me calmer, quand on me demande de revoir mon discours jugé trop agressif.
Moi, qui me considère comme féministe et qui assume pleinement ce que ce mot veut dire, qui assume aussi les dérives qu'il implique quand on l'utilise.
Moi, qui me considère comme femme et chaque jour je suis horrifiée, atterrée, attristée de voir, lire, entendre certaines choses. J'en perds parfois la force. La force de lutter...
...Car oui, le fait de se sentir femme et en plus féministe me donne l'impression d'être une combattante. Je n'ai pas le choix, du moins à mes yeux, non il n'y a pas le choix. Le pacifisme, je n'y crois plus; vouloir essayer de trouver un équilibre parfait de tolérance j'ai arrêté aussi.
A longueur de temps et ce depuis des siècles, on nous diminue constamment. Et beaucoup croit qu'étant maintenant au 21ème siècle, les choses ont changé. Il y a peu, je croisai un charmant jeune homme au cerveau aussi cirrhosé que son foie probablement; qui me donnait une leçon de féminisme: "Pourquoi vous faites tout ça, là...avant nos aïeules, elles avaient de vraies raisons de se révolter. Maintenant c'est n'importe quoi." Et son discours aurait pu finir par un "on a plus le droit de rien faire, on touche un bras et ça y est on appelle les flics". Soutenu par Catherine Deneuve et consoeurs et confrères, ce discours puant n'est que l'exemple parfait que non, le combat n'est pas gagné, non.
J'essaye de faire évoluer ma pensée et mon mode de vie, de faire en sorte d'être le plus en phase avec moi-même, mes valeurs et mon bien-être. La plupart du temps, cela ne colle pas avec ce que la fameuse "société" nous demande. Car oui la société nous demande beaucoup, et vous le savez sûrement tout autant que moi. La pression sociale a elle aussi son poids là-dedans. Mais tant bien que mal, j'essaie de rester fidèle à ce que je suis et à l'assumer. Et parfois, c'est compliqué et quand ça devient compliqué ça me met en colère autant que ça me rend triste car c'est dans ces moments là que je me rends compte de la puissance de cette "oppression sociale et sociétale".
Avant d'avoir les commentaires inutiles et sans fondement tels que "Tu vis en France, tu n'as pas à te plaindre comparé à telle personne ou à tel endroit"; je répondrai: "Si, j'ai le droit et je ne me plains pas, je me révolte. Je me révolte contre des injustices et des inégalités et évidemment elles s'étendent au monde entier...à l'autre bout du monde autant qu'en bas de chez toi. C*nnar*/C*nnass*!" Parce que oui, j'en ai marre d'être gentille et de devoir prendre des gants pour m'expliquer ou pire me justifier. Car quand on se positionne comme féministe, on doit se justifier auprès de tout le monde; on est comme fiché.e.s et on a, apparemment, des comptes à rendre à tous.tes... Bref...
Je souhaitai surtout évoquer certaines choses qu'on demande, qu'on exige même chez une femme et qui me semblent injustes et sexistes.
Les poils: Comme le titre de cet article l'évoquait, les poils sont devenus un sujet sensible, les poils sont devenus les envahisseurs de notre enveloppe corporelle. On cherche à les éradiquer comme de la mauvaise herbe, à s'en débarasser et/ou à les cacher. "Les poils, c'est mal" nous disent les mâles. Car bien évidemment, l'ôtage de poils est une injonction clairement patriarcale et que les femmes qui disent s'épiler pour le plaisir soient épargnées dans ce discours car elles ont tout à fait le droit de trouver du plaisir dans cette activité. Mais en toute honnêteté, que la grande majorité de femmes qui s'épilent/se rasent/ se laser -qu'importe- se confessent et avouent "Oui nous rendons imberbe notre corps adulte parce que c'est plus beau à regarder, parce que le regard de l'homme posé sur nos jambes sera plus flatteur s'il découvre deux gambettes ôtées de cette fourrure qu'on a fini par trouver moche nous aussi"
A priori l'épilation ne date pas d'hier, et si on s'épilait à l'époque greco-romaine: les hommes la pratiquaient au même titre que les femmes car symbole de pureté même si cela restait réservé aux riches. A la renaissance, on découvre cette pratique venue d'orient et les femmes se font épiler, toujours réservé à la bourgeoisie mais pratiquée par les femmes. Puis, le port de vêtements plus court ne fera qu'augmenter cette mode de l'épilation, clairement à destination des femmes, ...jusqu'à maintenant.
J'en reviens donc à nos jours, et persistant à croire que cette lutte acharnée contre le poil -qu'elle soit pour y voir un symbole de pureté (un peu glauque) ou l'esthétique imposé au corps de la femme- est anormale. Le corps humain est revêtu de poils pour le protéger, on en a besoin. Comment une partie de la population peut imposer à l'autre partie de se défaire d'une couche de protection naturelle sous prétexte que "c'est moche". Bizarrement, certains hommes trouvent ça très laid mais pas sur eux-mêmes. Merci le bourrage de crâne.
De plus il faut savoir que ce diktat de la beauté imposé aux femmes a un coût: de 12 euros les sourcils à 32 euros les jambes entières (!) en passant par le maillot (intégral bien sûr) à 28 euros. Ce sont des prix moyens donc pensez bien que dans certains instituts le prix peut augmenter. Multipliez ça par deux ou trois selon la pilosité et la repousse de poils et je vous laisse imaginer ce que ces femmes auraient pu faire de plus intéressant et enrichissant avec cet argent!
L'épilation à la cire ou à l'épilateur électrique reste en plus légèrement ou vraiment très douloureuse, encore une fois, cela varie selon la personne. Mais qu'importe, c'est se faire mal pour le regard des autres, des hommes, de son/sa partenaire et je ne comprends pas en quoi cela est normal et banalisé!
De plus en plus de femmes ont décidé de se laisser pousser les poils et de l'assumer fièrement, merci YouTube (parfois) pour permettre de faire circuler ces femmes qui en parlent et le montrent en vidéo et qui montrent une image autre et bien plus réelle que celle véhiculée dans les fameux magasines, autres publicités ou plateaux télé.
Non, les femmes ne sont pas supposées être imberbe, non. En atteignant la puberté, des changements s'opèrent chez l'homme comme chez la femme et les poils en font partie. Oui nous avons des poils sur les jambes, les bras, sous les aisselles, parfois un duvet au dessus de la bouche, des sourcils plus ou moins fournis etc. et il n'y a ni honte à avoir, ni gêne à les montrer. C'est NORMAL. Et ce qui ne l'est pas c'est ce modèle type créé et basé sur du vent (enfin plutôt de l'argent) à qui les femmes veulent toutes désespérément ressembler au lieu de juste s'aime elles.
Alors laissez vos poils en liberté et levez votre majeur à l'épilation et à cette société de l'esthétisme normée!
Ben moi, les poils ça m’excite, je trouve ça beau et sexy ... et pis j'aime les rousses en plus :o) Les dictats de notre société aseptisée c'est pour moi un sacré sujet d'écriture d'ailleurs.
· Il y a plus de 6 ans ·daniel-m
Tout à fait d'accord avec toi Maureen ! Gardons les poils que nous voulons garder. C'est une mode comme toutes les autres, et nous ne sommes pas obligées de les suivre. Bravo pour ce texte !
· Il y a plus de 6 ans ·Louve
Tout à fait d'accord avec toi Maureen, gardons les poils que l'on veut ! Cela ne regarde que nous. C'est une mode de plus comme il y en a tant et nous ne sommes vraiment pas obligées de les suivre !
· Il y a plus de 6 ans ·Louve