Où est passé James ?

Françoise Grenier Droesch

Je m'appelle Mike Noblet, j'ai quarante ans, et me décide à rassembler mes souvenirs dans ce journal.

Malgré les années, il est des jours où les évènements auxquels j'ai assisté remontent sournoisement à la surface. Il me faut les écrire pour m'en libérer une fois pour toutes. Les garder finirait par me rendre fou. Mes cauchemars qui reviennent en force me laissent au réveil un goût terrible d'os qui craquent, ceux de mes victimes. Pendant ces nuits agitées, je ne suis plus moi-même physiquement mais une sorte de monstre qui se délecte d' êtres au sang chaud. Je partage ses orgies sanglantes et je ressens jusqu'à l’écœurement sa jubilation de repérer une proie, de jouer avec en la torturant, son plaisir de la dépecer. Ma crainte est de me réveiller dans le corps de cet autre. Une honte répugnante surnage dans ma mémoire troublée.

Les autres personnes qui étaient avec moi durant ces jours éprouvants n'ont pas l'air de se souvenir. Nous n’en parlons pas. Il y avait alors ma femme, Jody qui est depuis internée en hôpital psychiatrique. Sa santé mentale a été irrémédiablement affectée. Est-ce à cause de cette horreur dont on a été les témoins ? Nul ne peut l'affirmer. Les médecins n'ont pas réussi à la faire parler. Elle s'est enfermée dans un mutisme inexplicable doublé d'une extrême mélancolie. Même la présence des enfants ne lui apporte aucune consolation. Je vais vous parlez des enfants mais avant, sachez qu'une jeune femme qui est toujours à mes côtés a pris beaucoup de risques en voulant nous préserver du pire. Coline, c’est son prénom a sauvé ma fille Louane et mon fils Téo, 7 et 10 ans à l'époque. Elle prétendait avoir 16 ans. Selon moi, elle est plus âgée et plus mature qu'elle ne le dit. De temps en temps, elle vient me rendre visite. Nous n'évoquons jamais le passé. Chacun s'occupe de sa famille du mieux possible : mes deux enfants se sont mariés, travaillent pour nourrir mes petits-enfants. Ah oui, ce n'est un secret pour personne mais Coline a une place à part dans mon cœur et dans celui de mon fils. Je vous en dirai plus le moment venu.

Les ennuis ont commencé par une belle journée d'été. Qui eût cru que j'allais détester cette saison ? J'attendais avec impatience le moment des vacances comme tout le monde parce qu’il est synonyme de détente, de soleil...Plus maintenant !

                                                        ****

Le 14 juillet 2002, notre petite famille est installée confortablement dans le monospace, que j'ai vendu le mois d'après. Une demi-heure après, je m’engage sur l'autoroute A666 après le péage.

Cela n'aurait rien changé si Jody avait conduit : c'est ce que je m'efforce de croire.

Comme tous les ans, ma sœur qui habite un charmant village dans le Vaucluse, Mondragon, nous attend en fin de soirée. J'imagine déjà les parties de pétanque dans la cour gravillonnée, les fous rires dans la piscine, les soirées autour d'un barbecue, les balades dans la région.

Depuis le drame, appelons ce que nous avons tous subi, le drame, je n'ai plus aucune pensée joyeuse.

La journée s'annonce plutôt bien. Les enfants ne se chamaillent pas. Jody lit un roman. Le calme avant la tempête.

Sur un trajet comme celui-là, rien de grave ne peut arriver et pourtant ! Normalement sur les autoroutes, tout est indiqué, il n’y a pas de pièges et jusque-là, je n'avais eu aucun souci pour prendre la route et arriver à destination. On peut dire que j'ai changé d'avis. J'ai en horreur les autoroutes et celle-ci en particulier. A présent si je dois absolument voyager, c'est le train que je choisis d'utiliser.

Je continue : Louane, comme je vous l'ai déjà dit n'avait que 7 ans. Une petite maigrichonne comme sa mère et au caractère affreux. Elle n'a pas froid aux yeux. C'est le genre à enfoncer le clou. Elle obtient toujours ce qu'elle veut à force de nous harceler.

On roule depuis trois heures lorsqu’elle demande :

― Quand est-ce qu'on s'arrête ?

― Bientôt, patiente encore un peu. Dès que je vois une aire de repos, j'y vais.

― Papa va s'arrêter chérie.

― Maman, j'ai envie de faire pipi.

― Tu ne pourrais pas dormir comme ton frère.

― Pff , Téo dort tout le temps comme un gros porc !

― Ne parle pas ainsi, c'est méchant rappelle Jody ma femme.

Il était presque midi. C’est vrai que Téo somnolait comme à son habitude. Il n’était pas difficile d’aimer ce petit bonhomme, qui avait gardé ses rondeurs de bébé, ses fossettes le rendaient craquant. Il suffisait qu'il nous regarde de ses grands yeux doux pour que l'on cède à ses caprices et ils étaient nombreux ! Sa mère fondait : elle disait qu'il ne fallait pas le contrarier à cause de son asthme.

Je m'entends encore leur annoncer :

― Dans 2 km, on s'arrête !

― C'est pas trop tôt me lance ma petite chipie.

Je m'engage sur le parking derrière une station-service. Bien sûr, je ne suis pas seul. Jody me propose de stopper devant le hall d'entrée d'une grande surface servant à peu près à tout : restauration rapide, téléphone, maison de presse, souvenirs, confiserie, toilettes. Je dois en oublier car je n'ai pas eu le loisir de tout visiter. Si jamais on ne se retrouve pas, on a nos téléphones portables. Je sais d'avance que Jody s'installera à la cafétéria après avoir accompagné Loulou aux toilettes. Elle commandera les sandwichs. J'ai la charge de réveiller en douceur notre Téo qui continue de ronfler.

Je regrette. J'aurais dû le laisser poursuivre un de ces rêves d'enfant. Peut-être était-il un oiseau survolant une île paradisiaque ?

Désolé, je suis ému.

Après avoir fait plusieurs fois le tour des parkings, je repère les feux de recul d'une grosse cylindrée noire. J'attends que son conducteur termine sa manœuvre pour me mettre à sa place. Une place en or, entre parenthèses car à l’ombre. Je ne vous ai pas dit mais on transporte un hamster, celui de Téo. Il ne peut pas s’en passer. Il a tout le confort : une grande cage avec une roue, de la nourriture et de l’eau dans un distributeur automatique. Nous avons la clim, il ne souffre pas de la chaleur. J’ouvre le coffre pour voir : il dort comme son maître.

Voilà, il ne me reste plus qu'à tapoter doucement les joues de mon fiston. Il ne se plaint pas, s'étire et me suit dehors. C'est quand même dingue la facilité qu'ont les jeunes à passer d'un état à un autre comme si de rien n'était.

Nous voilà devant le snack à chercher les filles. Tout naturellement, Téo me fait remarquer qu'elles doivent nous attendre sur la terrasse. En effet, il ne nous faut pas plus de dix minutes pour les retrouver. Elles ont déposé les plateaux sur une table de quatre. Nos commandes attendent. Pour tous sauf Louane, c’est pan bagnat. Elle a choisi des pâtes dans une boîte à emporter et une salade. Jody a pensé à remplir une cruche d’eau. Je me désaltère en premier tout en observant les alentours.

Le décor n’est pas terrible mais on doit rester tout au plus une heure.

C’est ce que je pense, dans ma petite tête de piaf au lieu de parler avec ma femme. C’est bien la dernière fois que je la verrai si naturelle, si fraîche. Il y a un bail que l’on se connaît tous les deux. Comme dans tous les couples, il y a des hauts et des bas. J’aimerais revenir dans ce passé juste pour lui dire que je l’aime, qu’elle est belle. J’ai vraiment été bête de m’empiffrer et c’est tout. Est-ce que je me rappelle de sa tenue ? Si elle avait une robe ou un pantalon ? Et bien non ! Quel crétin, j’étais !

Ce déjeuner se déroule on ne peut mieux malgré le voisinage sans gêne. Un homme à côté de nous grille cigarette sur cigarette. Jody lui lance des regards noirs car elle déteste les fumeurs. Il le fait exprès, faut croire. Loulou ne tient pas en place. Elle veut aller jouer sur l’aire des enfants. Cela fait au moins dix fois qu’elle réclame. Ma femme qui n’en peut plus du gars malpoli, décide de la conduire aux jeux. Pendant ce temps avec Téo, on termine notre repas, si l’on peut dire. On se rattrapera ce soir. Il aborde habilement le cas du hamster :

― Papa, il faudrait sortir James. S’il te plaît, tu veux bien qu’on aille tous les deux à la voiture ? Et tu m’aideras à transporter la cage vers maman ? Comme ça, il nous verra un peu.

Encore une fois, j’ai cédé.

― Bon, d’accord, on y va. On est bien d’accord que tu ne l’enlèves pas de sa cage ? Hein ? Téo acquiesce d’un mouvement de menton.

On retourne à la voiture. Une nouvelle fois le coffre s’ouvre sur notre petit compagnon. J’attrape sa maison par en-dessous en veillant à ce qu’elle ne bascule pas. James, le hamster est éveillé. Il n’arrête pas de tourner en rond.

« Calme toi, mon titi », lui conseille mon garçon. Autant vous dire qu’il est excité à l’idée de jouer avec lui. Je les laisse au pied des toboggans. Comment ai-je pu ? Tout simplement pour assouvir mon envie de café. Jody n’en boit pas alors que je ne peux m’en passer. J’ai juste dit : « Je reviens, ne bougez pas ». Quand j’y pense, je me maudis.

Il me reste cette image : Jody est assise sur un banc en face des jeux. Loulou joue avec une autre petite et Téo caresse son petit animal en passant les doigts au travers des barreaux de la cage.

Je retrouve la salle de la cafétéria, me dirige vers la machine à café. Il ne me semble pas m’être éternisé.

Toujours est-t-il qu’à mon retour vers les jeux, j’ai tout de suite senti que les ennuis nous tombaient dessus. Les gamins ne jouaient plus, ne bougeaient plus. Ils me regardaient stupidement, collés l’un contre l’autre. Mon regard plonge vers la cage : elle est vide !

― Vous m’expliquez là ? Mes yeux allaient des enfants à la cage et vice versa.

― Euh…Commence Téo.

― Maman nous a dit de l’attendre. Elle est partie à sa recherche. Ce n’est pas moi ! Ajoute Louane.

― Si, c’est toi qui l’a ouverte !

― Tu l’as vu faire Téo ?

― Non, mais elle en est capable !

― Résultat, James s’est sauvé... Eh bien bravo ! J’espère que maman va vite le retrouver parce que … Je ne termine pas ma phrase et maintenant, je me sens ridicule.

Ma colère allait me submerger. Je ne m’occupais que de ma personne : « ça va nous mettre en retard! Plus jamais, on n’emmène James pour un si long trajet ! » Je criais des choses que l’on regrette aussitôt mais c’était plus fort que moi !

Le pire était à venir et ça je ne le savais pas encore.

Évidemment, quelques personnes viennent se mêler de nos affaires. Une femme très désagréable me traite de bon à rien. Elle me reproche de ne pas aider Jody. « Vous n’étiez pas là quand c’est arrivé, alors taisez-vous! ».Heureusement, elle s’en retourne, suivie de plusieurs fillettes qui me dévisagent comme si j’étais un arriéré mental. Elle promène au bout d’une laisse un affreux pékinois gris.

Un monsieur assez âgé, au costume impeccable, ne manque pas de me sermonner avec sa voix crispante. Il a l’air d’un curé, lorsqu’il précise que s’énerver ne sert à rien.

― Votre femme est partie, là-bas. Il agite sa canne dans une direction lointaine.  Vous devriez aller y faire un tour au lieu d’accabler vos petiots. Il y a de cela une heure.

Puis il s’éloigne à petits pas sans se retourner. Je le suis des yeux un bon moment, hébété. Il traverse au milieu des voitures stationnées et disparaît derrière une haie d’arbustes.

Je regarde ma montre : déjà 13 h 30 ! Pose mes fesses sur ce banc qui scelle notre malheur. J’avais encore un espoir de voir Jody réapparaître avec James dans les bras. D’un coup, je me suis senti impuissant. Le silence s’est installé, pesant. Combien de temps ? J’ai laissé filer les minutes en rêvassant.

Il y a de moins en moins de monde autour de nous. Louane se lève. Elle s’impatiente la pauvre petite.

― Elle fait quoi maman ? Pourquoi, elle revient pas ?

Enfin, j’émerge de ma léthargie et prête attention à ses paroles. Oui, Jody devrait revenir, même bredouille. Ce n’est pas son genre de faire ça.

Téo ajoute:

― On devrait faire quelque chose!

Alors commence notre exploration. Le tour du terrain de jeux ne nous prend pas plus de dix minutes, puisqu’il est très peu fréquenté. Quelques adolescents rigolent, assis dans l’herbe. Ils ne prêtent pas attention à notre manège. Cet espace est entouré d’arbres et d’une végétation dense, laissée à l’abandon. On longe la limite du terrain, propriété d’une société. Un grillage empêche d’accéder de l’autre côté où des broussailles s’enchevêtrent. On revient vers la cage qui est restée en plein milieu de la pelouse. Une idée traverse l’esprit de Téo :

― Et si on mettait des graines de tournesol un peu partout. Il en raffole ça va le faire revenir.

― Maman, ça la fera revenir aussi ? Se renseigne ma petite.

― T’es bête ! Elle a pas besoin de ça.

Je ne réagis pas tout de suite.

― Papa, t’as entendu ? Il faut que tu m’ouvres la portière arrière.

― Bon, ça nous occupera toujours ! Et nous voilà repartis vers le parking. Téo rassemble ses boîtes de graines puis on retraverse l’étendue bétonnée, impersonnelle, des emplacements réservés aux voitures et camions. Une fois, la cage en vue, Téo disperse les friandises pour rongeurs tout autour. Je me concentre sur cet assemblage de métal et plastique pour éviter de trop me torturer car je ne vois pas du tout ce qu’il faut faire dans ce cas précis. Je suis minable, c’est une évidence. Jody saurait quoi faire.

Au bout d’un moment, mon grand tranche :

― Faut prévenir la police, papa!

Je me rends à l’évidence : Jody a disparu. Elle n’est pas dans les parages. Par acquis de conscience, je décide d’inspecter les bâtiments, là où nous étions deux heures plus tôt. Mais je n’ai pas envie de laisser les enfants seuls. Je leur dis de m’accompagner. Tant pis, si James revient, on ne le saura qu'à notre retour.

La salle de restaurant accueille encore des clients mais à première vue, elle ne s’y trouve pas. Je demande quand même aux serveuses et personnels de ces lieux fréquentés s’ils n’ont pas aperçu une femme, menue à la peau claire, aux cheveux courts dégradés. Je montre des photos que j’ai sur mon portable. Avec l’affluence de ces derniers jours, ils ne se souviennent pas des clients. L’inspection des toilettes ne donne rien non plus.

14h30 : Il faut se résoudre à prévenir les services de la gendarmerie. Je trouve les numéros dans le hall de cet ensemble autoroutier. Le sergent Heintz m’interroge longuement au téléphone. Il va envoyer des gars dans une heure. En ce moment, ils sont en mission pour une affaire plus grave d’enlèvement d’un bébé.

― Oui, je comprends. On reste à vous attendre. Ma voix se perd dans le brouhaha. Louane et Téo semblent patienter devant un rayonnage de « Mangas ». Dès que je donne le signal de départ, on court ensemble comme des fous vers le parc: toujours pas de James !

La cage n'a pas bougé, la porte s'est refermée. Téo ne se décourage pas : il appuie sur le mécanisme pour actionner l'ouverture, disperse de nouvelles friandises. Je le regarde faire tout en me disant que ce n'est pas juste. C'est ici que son animal disparaît et en plus sa maman ! Ce lieu est maudit. J'enrage d'être obligé d'attendre et en même temps, je n'ai pas la force d'agir. La petite Lou s'amuse avec une balle rebondissante qu'elle a trouvée dans l'herbe. Pour le moment, elle ne se rend compte de rien.

Assis sur ce banc de bois, je pense à ma sœur qui ne va pas comprendre notre retard. Lorsque je compose le numéro, au bout de cinq sonneries, je subis l’annonce « Laissez votre message, je vous rappelle dès que possible ». Évidemment, j’articule la phrase suivante : « Bri, on arrivera avec plusieurs heures de retard, il n’y a pas de bouchons, il y a que…Jody…je te rappelle. », tout en faisant les cent pas.

J’aurais préféré lui expliquer de vive voix. Le courage me manque pour lui dire, quoi d’ailleurs, je ne sais pas ce qui lui est arrivé à cet instant précis. Elle a pu s’enfuir ? Se faire agresser ? Se perdre ? Ce qui est sûr, c'est qu'elle n’est plus là !

Enfin, deux hommes en tenue de motard m'accostent. Le plus grand commence à m'interroger:

― Vous êtes bien Mike Noblet, n'est-ce pas ? Une des femmes de salle nous a dit qu'on allait vous trouver ici.

― Vous avez vu juste.

― Montrez-nous vos photos. Merci.

― Elle a l'air très sérieux. Pas le genre à partir sur un coup de tête.

― Ça non, elle est prof et s'en voudrait d'abandonner ses bout'chous. Je ne comprends pas !

― Quand même c'est étrange, votre histoire. Elle n'est pas alzheimer votre femme ?

― Elle ne s'est jamais perdu si c'est ce que vous voulez dire.

― Vous avez un vêtement à nous confier ? Cela aidera nos chiens.

― Dans la voiture, elle a son gilet qu'elle emporte tout le temps même par temps de canicule.

― Allez y on attend.

Quelques minutes après, je suis de retour avec le vêtement.

― On va procéder à des recherches dans les alentours. Je vous conseille vivement de réserver une chambre pour la nuit. Comme il est bientôt 16 h, ce serait plus prudent au cas où l'on reviendrait bredouille. Vous avez un inter hôtel, pas loin. Si vous sortez de l'autoroute, c'est moins cher mais complet en général !

― Vous croyez ?

― Sinon, vous dormez dans votre voiture.. Dans tous les cas, prévenez la gendarmerie quand vous serez fixé.

Ils s'éloignent me laissant désespéré. Débute une infernale attente.

Déjà, je tente d'appeler Bri, ma soeur qui ne répond pas. Je lui laisse un deuxième message qui annule l'autre. Cela fait plus de deux heures

Un homme distingué s'est approché suivi d' une femme coiffée d'un chapeau à larges bords. Il m'annonce d'une voix chaude à l'accent du midi :

― J'ai entendu votre conversation avec les policiers. Vous recherchez votre dame. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas.

― On peut surveiller vos enfants si vous voulez pendant que vous vous occupez de louer une chambre au motel, insiste madame.

― Vous êtes bien aimable, merci. C'est vrai que mon fils, Téo attend que son hamster revienne. Il y a deux disparitions...

― Oui, on a compris tout ça et nous ne sommes pas pressés, n'est-ce pas chéri ?

― Je suis retraité et Élise ne travaille pas. On est attendu en fin de soirée chez ma fille.

La bonté rayonne sur leurs visages. Ces personnes ont toute ma confiance. Je décide de suivre leurs conseils avisés.

J'emprunte le chemin d'accès piéton qui m'emmène au complexe hôtelier de luxe. Après tout, les enfants seront mieux installés dans une chambre que dans la voiture. Il m'en coûtera plusieurs euros, tant pis. Le réceptionniste m'envoie un large sourire.

― Vous avez de la chance : un désistement de dernière minute ! C'est une chambre double au 4 ème étage. Si vous êtes encore là avant midi, vous pouvez profiter de la piscine. Il y a un parking privé, avec un digicode.

Il en a de bonnes, de la chance ! Je garde pour moi cette réflexion. Ça ne me remonte pas le moral !

Les formalités remplies, il me cède le sésame en m'encourageant à revenir avant 18 h pour avoir accès aux services en salle comme le dîner.

― Non, merci, on ne prendra pas de repas à l'hôtel.

― Un employé vous montrera les endroits utiles. A tout à l'heure !

Il me reste à récupérer le véhicule sur le parking. L'accès par la route me paraît compliqué. Quelques minutes plus tard, je trouve une place derrière cet ensemble moderne qui sera notre refuge pour une nuit. C'est ce que je croyais. Tout est allé de travers, sans que je puisse intervenir d'une manière ou d'une autre. A ce moment de mon histoire, je me dirige vers l'espace vert en étant certain d'être maître de mon destin ! Je suis presque content d'entendre mes enfants rire avec le couple âgé.

Je les remercie de mon mieux puis je demande :

― Vous ne savez pas ce qui a pu arriver à ma femme ?

― A vrai dire, il faut que vous sachiez qu'il y a beaucoup de disparitions par ici, me révèle cette charmante dame.

― Nous qui sommes de la région, entendons des rumeurs et connaissons des cas similaires au vôtre.

On entend un chien aboyer avec férocité.

― Papa, il a trouvé maman, tu crois ?

― Possible, on va voir. On se repère facilement aux jappements bruyants.

Un jeune homme, pâle, le crâne rasé, bottes militaires tente de calmer un chien-loup qui tire sur sa laisse. Il se trouve vers les limites du terrain de jeux, là où la cime des arbres se confond avec le ciel, là où tout est flou et où semble régner une atmosphère inquiétante.

ARTICULATION

Chapitre 1 : Mike Noblet commence l'écriture d'un journal. Il va y retranscrire ses souvenirs, en particulier ceux du mois de juillet 2002, lorsqu'il effectue un voyage avec sa famille sur l'autoroute A666, à destination du village de Mondragon, dans le Vaucluse.

Sa femme disparaît lors d'un arrêt sur une aire de repos.

Il finit par prévenir la gendarmerie.

Chapitre 2 : Il doit rester sur place avec ses enfants, Louanne et Téo. Les recherches durant la nuit et la journée suivante ne donnent rien. Une forêt jouxte le relais autoroutier. Se serait-elle aventurée à l'intérieur ?

Chapitre 3 : Mike, et les enfants décident de passer outre les recommandations de la Police qui sont de rester tranquille jusqu'au surlendemain. Ils explorent la forêt.

Chapitre 4 : Ils vont découvrir un village qui se révèle dangereux. C'est un lieu où les repères temporels disparaissent. Une musique les attire vers un château gothique. Des mets arrivent par magie. L'ambiance est à la fois agréable car ils ne manquent de rien mais oppressante à cause de la nuit qui arrive. Louanne, la fille de Mike disparaît aussi.

Chapitre 5 :Le château appartient à un vampire utilisant l'énergie des hommes pour rajeunir. Ce sera Coline, la fille du vampire qui l'annonce à Téo dont elle tombe amoureuse. Depuis que les trois membres de la famille ont traversé les Terres du démon, ils ont vieilli de 7ans. La jeune vampire a 16 ans environ et Téo 17 ans. Elle veut les sauver et s'oppose à son père. Son don de télépathie lui sert pour y parvenir.

Chapitre 6 : Moment où la vampire va choisir de devenir humaine car elle a le droit de choisir à ses 16 ans. Jouxte acharnée entre son père et elle. Le maître convoque les anciens et l'affaire est réglée en faveur de Coline. Elle risque de perdre la vie en franchissant les limites du territoire vampire. Son amour est plus fort que tout.

Chapitre 7 : Coline fait sortir ses nouveaux amis de la forêt. Ils reviennent vers le parking où est garé la voiture de Mike mais c'est devenu un chantier. Louanne qui est une ado de 14 ans a du mal à accepter ce changement physique brutal.

Plusieurs années semblent s'être écoulées dans le monde normal car leur voiture sale est recouverte de feuilles et de branchages. Jody commence à délirer en racontant qu'elle a été possédée par un démon.

Chapitre 8 : Les cinq rescapés reprennent la route en direction du Vaucluse. La maison de la soeur de Mike a été louée par d'autres personnes. Ils sont rejetés de partout. Ils découvrent avec terreur que plus rien ne sera comme avant. Coline aplanit quelques problèmes. Les menaces de son père ne se sont pas réalisés : elle est humaine, amoureuse. Pour elle et Téo la vie est belle.

Chapitre 9 :Jody retrouve peu à peu la raison et révèle ce qu'elle a vécu pendant sa disparition.

Chapitre 10 : Mike conclut en relatant les difficultés de son retour. Est-ce le passé ou le futur ? Il n'a plus de repères.

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