Où il ne se passe rien, sinon pas grand-chose

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Car la vie est ainsi faite, on aura beau se démener, elle portera toujours son lot de jour creux.

Il est demain. Il est espoir de chasser les nuages de la veille et accessoirement de rendre le chat à son propriétaire.

C'est qu'après une nuit de bonds contrits entre le sol et le plafond, plus quelques miaulements hurlant mes folies à la lune, j'ai réussi à me fâcher avec Renoir en plus d'Auguste.

Le tableau commence à être chargé. Les volets d'à côté toujours fermés. Le loup se terre malgré l'appât.

Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Si la chaleur combinée à mes sautes d'humeur, lui avait barbouillé le cœur au point de… Non, non. Je me raisonne, arrêtons de psychoter. Ce qui est plus facile à dire qu'à faire. Car une fois l'hameçon des idées noires lancé, il y en a toujours une pour mordre et ne plus lâcher. C'est mathématique ! Ça prend ça source dans l'obscur et l'imcompréhensible.

Ne nous décourageons pas si vite, je me coache. Et sans me mettre à découvert, je tente de ferrer le poisson d'à côté.

Auguste décroche à la troisième sonnerie. Je raccroche rassurée. Il doit bien se douter, mais tant pis. Ouf, grand, haut et fort !

Ensuite rien. Que des heures qui passent creuses et des minutes qui filent tristes. Renoir dans son coin, moi dans le mien. Même en le flattant par la couenne d'un bon jambon rose ou encore par la robe d'une fraiche tranche de thon rouge : rien à faire ! Renoir prend la pause, se lisse les moustaches, fier et dédaigneux. Le portrait craché de son maitre.

— C'est ça, cure toi donc les coussinets. Y' a bien un moment où la nature de ton estomac va reprendre ses droits.

Mais Renoir ne s'en laisse pas compter, Auguste l'a bien élevé.

Pas ce chat qui se la joue loyale comme un chien qui va me donner l'inspiration, quoique…

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