Papa, raconte-moi ton histoire
maelis
« Papa, raconte-moi comment vous vous êtes rencontrés !
- Oh, tu sais, ma chérie, c'est pas très intéressant…
- Aller ! S'il te plaît, ajoute-t-elle en lui agrippant le bras.
- D'accord, d'accord, si tu veux. Alors… C'était le 14 juillet. J'avais dix-sept ans. Je me rendais à un feu d'artifice, je devais y rejoindre des amis. Je n'avais pas très envie d'y aller. En fait, à cette époque, je n'avais pas vraiment envie de sortir, mais mes amis m'ont, comme qui dirait, forcé la main – il sourit. Donc j'y suis allé.
Il ne faisait pas encore nuit, le soleil se couchait lentement, baignant le parc dans une lumière dorée. On y entrait par un portail au milieu de grandes haies qui entouraient l'énorme terrain, et à gauche il y avait un très long stand couvert, dressé pour l'occasion, afin de vendre des boissons, certainement de la nourriture aussi, je ne me rappelle plus. Les gens discutaient joyeusement, des enfants s'amusaient dans l'herbe, leurs silhouettes se découpant face au soleil couchant. Il faisait encore assez chaud, une chaleur douce, agréable. L'herbe était fraîche, la pelouse devait être arrosée et entretenue régulièrement car il n'y avait pas la moindre trace de sécheresse ni de mauvaise herbe. L'ambiance était chaleureuse.
Dans la foule qui papotait près du stand, je vis une tête bleue. Je veux dire, quelqu'un qui avait des cheveux bleus. Je n'avais pas vu son visage. Il avait attiré mon attention, j'étais curieux, mais comme je le disais, je devais retrouver des amis. Je me mis à leur recherche, et, ne voulant pas m'enfoncer dans la foule, je me dressai sur la pointe des pieds en espérant apercevoir leurs têtes quelque part, mais ils étaient introuvables. Je me dirigeai alors vers des bancs qui avaient été dressés un peu plus loin, en regardant une dernière fois par dessus les gens, quand quelqu'un me rentra dedans. Ce n'était pas brutal, mais surprenant, je me demande encore aujourd'hui si il ne l'avait pas fait exprès ! Le connaissant, ce ne serait pas étonnant. Et donc, c'était lui, le garçon aux cheveux bleus.
- C'était papa ? s'écrie la petite fille, très surprise. Il avait les cheveux bleus ?
- Oui ! Et même un bleu très vif. Il était très beau, ton père, à cet âge. Enfin il l'est toujours, bien sûr. Donc, je disais... Il m'était rentré dedans. Il avait renversé son verre dans la collision, et alors que je m'excusais, il me dit en souriant : « Tu n'as qu'à me payer un verre, et je te pardonne ! ». Alors que c'était lui qui m'était rentré dedans ! Mais j'ai accepté, de toute façon je n'avais rien d'autre à faire en attendant mes amis. Alors on s'est retrouvé au bar, je lui ai payé un verre, et on a fait connaissance. Il était enjoué, autant qu'aujourd'hui, si ce n'est plus !
On a parlé de tout un tas de choses, c'était incroyablement agréable de discuter avec lui, il écoutait, il comprenait, et il était très drôle ! J'étais assez intimidé. Il faut dire qu'il était aussi assez sûr de lui, contrairement à moi. On avait pourtant beaucoup de choses en commun, on aimait la même musique, les mêmes films, les mêmes fringues… C'était la première fois que je rencontrais quelqu'un avec qui je pouvais partager autant, j'avais l'impression qu'on avait milles et unes choses à se dire, et que j'aurais pu rester toute une vie à discuter comme ça avec lui. Je sentais qu'il avait aussi beaucoup de choses à m'apprendre. J'ai immédiatement ressenti une grande admiration pour lui. Il était investi dans ce qu'il faisait, c'était beau de voir à quel point il avait su rendre sa vie belle, et tout ce dont je rêvais, c'était de plonger dans cette vie avec lui.
Mon cœur s'emballait chaque fois que nos regards se croisaient, et son sourire me donnait des coups de chaud... Je crois qu'on peut appeler ça un coup de foudre.
Il a fini par me payer un verre à son tour, et on a continué à discuter encore un moment avant que mes amis arrivent et nous interrompent. Ils m'expliquèrent qu'ils avaient croisés d'anciens amis et que ceux-ci les avaient retenu un moment pour ressasser le bon vieux temps. Je voulus leur présenter Alexy, mais quand je me retournai, celui-ci était déjà parti.
Nous nous éloignâmes du bar (oui ma chérie, le mot éloignâmes existe!). La nuit était tombée. Il y avait quelques lampadaires qui illuminaient le stand, mais en nous éloignant, nous n'étions plus éclairés que par les étoiles. Le paysage me parut plus beau. Le ciel était soudain plus magnifique que jamais. La fraîcheur du soir qui était tombée ne m'atteignait plus, ma peau était chaude. C'était comme si il y avait un soleil qui était apparu au dessus de moi, qui me réchauffait et qui illuminait tout ce que je voyais. Une sorte de fièvre qui m'avait atteint. J'étais un petit peu à l'écart de mon groupe d'amis, ils savaient que j'aimais bien être seul, alors ils me laissaient faire.
Et alors, le feu d'artifice commença. J'avais l'image de son visage qui brillait dans mes yeux, le son de sa voix qui chantait à mes oreilles et ma main semblait vouloir se refermer sur la sienne. Et puis, comme dans un rêve, il arriva à côté de moi, toujours aussi souriant et enjoué. Je lui ai souri aussi, et on s'est regardé un long moment, sous les éclats de lumière qui nous éclairaient de magnifiques couleurs. Puis, il tourna la tête vers le ciel, avec le visage rêveur d'un enfant qui voit un feu d'artifice pour la première fois. Je tournai la tête également et, avec un frisson de chaleur, je sentis ses doigts se glisser entre les miens. Plein de questions m'avaient envahies d'un seul coup, mais je sentais son parfum qui me faisait tourner la tête et je finis par me laisser faire.
Le feu d'artifice fut très court. Ou en tout cas, j'en eu l'impression. Et alors que les gens sifflaient et applaudissaient, il se tourna vers moi, posa sa main sur ma poitrine – il pose sa propre main sur sa chemise – et il me sourit. Puis il est parti, comme ça, sans rien dire. Mes amis sont revenus vers moi, ils m'ont emmenés faire la fête, mais j'avais l'esprit trop embué pour être réellement avec eux. Soudain, Max, qui était mon meilleur ami à l'époque, s'approcha de moi et désigna ma chemise en me demandant ce que j'avais là. En jetant un œil, je vis un bout de papier dépasser de la petite poche cousue sur ma poitrine. Il y avait un numéro de téléphone à côté du prénom « Alexy ». Max, qui n'avait pas vu l'inscription, me demanda en souriant « Tu t'es trouvé une jolie fille ? ». J'aurais eu du mal à lui parler de mon homosexualité, alors je ne l'ai pas contredit. Mais à partir de ce moment-là, je n'ai pas arrêté de sourire de la soirée. »
Il remarque alors une silhouette à moitié cachée dans l'embrasure de la porte. Il sourit et s'apprête à parler, mais la silhouette s'avance à pas feutré avec un doigt sur la bouche en signe de silence avant de désigner l'enfant toujours affalée sur son bras.
Plongé dans son récit, il ne s'était pas rendu compte qu'elle s'était endormie. Il lâche un petit rire discret et relève la tête vers le garçon aux cheveux à présent bruns. Alexy se penche pour déposer un baiser sur ses lèvres, puis soulève délicatement la petite fille qu'il embrasse sur le front avant d'aller la coucher.
Très émouvant
· Il y a environ 7 ans ·tantdebelleshistoires
Merci !
· Il y a environ 7 ans ·maelis
Très tendre et une jolie rencontre ...
· Il y a presque 8 ans ·marielesmots
Merci (:
· Il y a presque 8 ans ·maelis