Par monts et par vaux, vadrouille avec les Stones…
pierre33300
Par monts et par vaux, vadrouille avec les Stones…
Mais bordel où est-ce que les Stones ont voulu nous trimballer ? A vrai dire eux-mêmes ne devaient sans doute pas le savoir, les bougres sortent rincés d’Altamont où les niaiseries hippies se sont brisées comme les ratiches des mômes sous les coups de triques des Hell’s, Brian Jones a bien fini par couler et Keith ne partira certainement jamais en vacances avec le pourtant excellent petit Mick Taylor guitariste gavé de blues sauce Mayall. Et alors direz-vous ? Le souffre du rock commençait à se faire sentir, ces putains de Stones –il faut pas s’en cacher- suintaient enfin de ce vitriol qui finit par empester ceux qui ne cessent de jouer avec le feu à l’image de celui qui devient depuis quelques temps déjà le leader in facto du groupe, cadavre rutilant agrippé à ses cordes aux portes de l’enfer. Les choses sérieuses pouvait commencer enfin à se déchainer, la suite malheureusement se nuance…pour notre plus grand plaisir.
Déjà l’effroyable frisson qui nous a tous parcouru en ouvrant la braguette du jules de Wharol s’est finalement transformé en un pathétique feu de paille : point de grosse verge scandaleuse, et même pas un poil pour nous rappeler que le rock s’est avant tout un truc moche et bien crade. Mais le simple fait d’illustrer la pochette d’un entrejambe masculin semblait suffire à se ruer sur la galette et la jeter le plus vite possible sous le diamant le plus proche, et puis il aurait dû surgir de la fureur du quintet qui avait réussi à foutre en l’air un idéal de toute une jeunesse en quelques chansons à peine. Disons seulement que c’était plutôt bien parti en fait, Brown sugar étalait ses premiers riffs méthodiques, avec une précision chirurgicale frappant sa cible dans son myocarde, mais les pulsations pouvaient, même en tension, tenir la mesure en s’agrippant au sublime saxo de ce bon gros Bobby Keyes.
La reine ouvrait merveilleusement son bal mais – et toujours pour une histoire de dessous en faisant bien gaffe – la culotte était mal vissée et retomberait l’année suivante entre les griffes des critiques de l’époque. Trop belle, l’étoffe avait laissé des séquelles et l’album Exil on main street en serait la première victime, jugé trop bordélique.
Heureusement la guitare slide de Taylor fait des merveilles même lorsque la furie semble quitter les enceintes, sa partie sur sway porte le morceau à bout de manche et nous empêche de tomber à trépas. Il faut chevaucher le quand-même-vraiment-pas-mal Wild horses et se cogner les velléités littéraires de dandy Jagger avant de peloter la boule de nerfs fourrée dans le ventre de la face A, le vaillant et vacillant Can’t you hear me knocking démarré en trombe pour s’empaler sur le sax d’un Bobby décidément bien brillant.
Dans le climat lourd du Sticky Fingers, les coups de semonce claquent en des summums de riff d’un Richards aux abois, et le tout baigne dans une moiteur alléchante où le sublime arrache des morceaux sidérants comme I got the blues et le glauque sister Morphine.
Peu importe où ils iront finalement, à bien scotcher le rond noir de jais il se pourrait que l’enfer n’est pas la même allure avec Keith et sa troupe à nos côtés, et moi je vous conseille bien de ne pas rater le train…