Parcours de rêve dans le Mercantour

Parcours de rêve dans le Mercantour
Randonneur, je me réjouis un beau jour de Juin de parcourir pour un aller-retour ce sentier qui mène à un vieux bourg abandonné qui serait doté d'une tour.
Le chemin tournicote, grimpe, le soleil chauffe et après quelques temps j'avise un endroit meuble pour me poser et l'arbre pour caler mon dos. La nature est belle, et les fleurs naissantes sont parées
de toutes les couleurs.
Soudain apparaît une tourterelle parée de tous ses atours, une belle-de-jour ; posée devant moi, elle me tient ce discours :
--- Bonjour troubadour, puis-je t'accompagner dans ton tour, dit-elle avec humour ? (Je suis retourné par ces paroles !)
--- Certainement, répondis-je tourneboulé. (On verra bien quel tour elle va me jouer ! Décidément je suis ravi de la tournure que prend ce parcours.)
--- Où vas-tu ainsi seul ? (curieuse ma foi!)
--- Jusqu'à la tour, qui croît au loin dans ce bois que tu vois devant toi, tel un beffroi, au dessus des toits pour surveiller les intrus qui accourent ou détecter une fumée qui signale un feu et apporter
secours.
--- Que tu es brave car c'est loin, répond-elle, mais je ne peux marcher comme toi. Et pour éviter un tour de reins, fais comme moi, vole ! Ton tour sera plus court, insiste la polissonne pour me
convaincre.
Je me tourne vers elle, abasourdi par l'éloge de son envolée ....
--- Mais je suis lourd.....Pourtant, c'est une idée, bonne à essayer, m'entendis-je répliquer !
Mais quel n'est pas mon étonnement me voyant par un tour de force et en un tournemain capable de décoller et de virevolter dans les airs un peu engourdi avec ma nouvelle amie la tourterelle. C'est
merveilleux cette sensation de légèreté, de liberté. C'est à celui de nous deux qui vole le plus haut et le plus vite. Comme je savoure ! Au dessus de nous le vautour au regard perçant nous observe ; nous filons à tours de membres.
Nous nous posons dans une cour sur la plate forme de la tour pour faire un tour d'horizon et examiner les alentours.
Le bourg de maisons délabrées, abandonnées par l'armée, un tournebride accolé au castel surmonté de tourelles et l'agora où devait se dérouler les tournois de soldats.
--- Regarde, m'interrompt la tourterelle. Robin des bois fait des yeux de velours à la Belle au Bois dormant et lui déclare son amour !
--- Je ne vois rien ! Tu es sûre ? mais que font-ils là ?
--- Mais si, regarde encore, dit-elle en m'indiquant la direction. Là-bas dans la clairière, le magicien Antibois et son boa qui s'est déboîté de son boisseau chantourné et le chien qui aboie !
--- Tu me joues un tour ! Je dois avoir une tête de bois, car je ne vois rien.
--- Non ? Et ce boiseur et le boisselier occupés à confectionner quelque boiserie, tel un bonheur-du jour ! Ne les vois-tu pas ?.
--- Oui, m'exclamai-je les yeux éberlués, je les vois! Ils vont manger le tournedos qui cuit au tournebroche sur le feu de bois. Écoute.... la chanson de Charlebois que l'un joue du hautbois pendant que l'autre danse en tapant le tambour, autour d'un verre d'esprit de bois à la fraise des bois !
--- Grouillons, je n'aimerais pas rencontrer ces hommes au coin du bois. Quel effroi. J'ai la trouille et terminons là cette vadrouille avant qu'ils ne m'écrabouillent, gazouille la petite fripouille de poule
mouillée. Allez on se dégrouille !
Nous avons parcouru le retour au demi-jour en volant mais, chemin faisant, ma vision cafouille, mon esprit se brouille ; je ne sens plus mes membres qui rouillent et pendouillent.
Assis contre ce tronc d'arbre, je suis tout niquedouille, ça trifouille dans ma tête, ma bouille déverrouille, mes membres me chatouillent, la chaleur m'écrabouille, des fourmis me trifouillent le nez et les oreilles.
Devant moi, la tourterelle me fixe de ses yeux malicieux, frétillant de la queue.
Que m'est-il arrivé ?
Rompu, fourbu, moulu, je me suis endormi et.... j'ai rêvé.
Quel beau séjour grâce à ma belle-d'un-jour. Je lui fais des mamours et après son discours, son image s'évanouit.
Cette tour du vieux bourg valait bien le détour.
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