Paris-banlieue

mboyer

Ce soir, dès le crépuscule, à l'heure où noircit la ville, je suis partie
À travers les artères où nous coulons tous,
Particules anonymes accélérées à l'excès
Buvant des élixirs pour accéder à l'exil ou
Au vrai luxe, tout ce temps que nous ne prenons plus
Pour laisser des empreintes, chaussés de nos envies.
De l'avenue de l'Opéra à la Seine se jouent des pièces,
Ces vies parallèles qui jamais ne se croiseront
À l'exception de regards furtifs, hagards ou festifs,
Des ports que l'on remercie pour l'ensemble de leur havre. Œuvres, ivresses et courants d'air d'équerre sur le pont des Arts, Sous l'œil amusé du Louvre et de la belle immortelle
Se murmurent des déclarations universelles
Donnant à mon cheminement un goût de lune de miel
Pendant que seule la solitude salutaire et bienheureuse
Me tient la main
Avec pour tout engagement celui de la gravité
À ne pas me laisser tomber.
Le sémaphore de Montparnasse et son cimetière
Filent la métaphore parfaite d'une mer dont on sépare les flots, Mais je ne fuis ni mon sort ni Paris
J'aime être en ville autant qu'en vie,
Leurs sens et leur caractère uniques,
Et quoique l'on y respire parfois mal,
On s'y inspire beaucoup, aussi.
Klaxons et appels de phares
Enguirlandent les abords de la cité
Ou l'urbanisme bannissant l'urbanité,
La métropole maltraitant la politesse
Partition de la mélodie périphérique
Jaillissant d'une plaie béante,
Bande originale bruyante
De milliers d'existences vrombissantes,
La banlieue à l'horizon
Défilera comme un générique de fin.
Un pied devant l'autre,
Amusée par ce jeu d'enfant
Dont plus personne ne rit
À l'angle d'un avenir,
Au détour d'une avenue,
Dépassant les impasses du passé
Vrai voyage, vraie essence
Je retrouve les émotions
Des grimaces transformées en sourires
Du temps où mes valises étaient vides
Mes verbes balbutiements
Le moindre pas une victoire
L'équilibre un émerveillement.

Signaler ce texte