La fille de l'air
mboyer
S'il avait fallu vous éviter Je n'aurais pu, vous lévitiez À bord d'un souffle Qui me fit perdre le mien Tapis volant particulier À vive allure, ma...
Mère indigne depuis mes dix-sept ans, je trouve enfin l’honnêteté de reconnaître une trentaine de mômes, tous issus du même lit. Je l’avoue, je lui ai fait des french-kisses et roulé des pelles, à la langue française. Et puis entre quelques infidélités avec des anglicismes et quelques égratignures causées par des mots rédigés en langage SMS, je lui ai fait l’amour (à moins que ce ne soit l’inverse). Mais je ne suis qu’une amante parmi des milliers, et nombreux sont les prétendants qui savent l’honorer mieux que moi.
De cette union qui m’a toujours semblé illégitime et honteuse sont nés quelques textes, qui ont tous un prénom, mais sur lesquels je ne saurais coller aucune étiquette, aucun genre. Cesser de se définir, c’est commencer à s’infinir, et je n’ai pas envie de leur trouver d’autres signes communs que l’émotion de les avoir portés et couchés sur papier, et peut-être, allez savoir, celle que ceux qui les regarderont dans les yeux et entre les lignes ressentiront. Ils sont de toutes les couleurs, au pire synesthésiquement modifiés, et il y a à voir et à entendre aussi bien dans leur fond que dans leur forme. Je les ai élevés du mieux que j’ai pu, ils sont polysémiques, sonores, parfois espiègles.
Il est complexe de concevoir à quel point cette démarche de les laisser partir voir le monde me paraît pédante et exige que je mette de côté une pudeur certaine. Ce monde sera plus ou moins grand, ce n’est pas tellement cela qui importe. L’essentiel est désormais de parvenir à ne plus les retenir. Seul le cachet de la Poste les protège désormais, et il n’y a qu’en cela qu’ils m’appartiennent encore un peu.
Bonne lecture à vous,
© Marianne Boyer
marianneboyer.com
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