Parmi les arbres

Parmi les arbres de la forêt, les écureuils volent et se croisent gaillardement. Les abeilles recueillent le dernier pollen des fleurs parsemées dans la prairie, il y aura du bon miel cette année encore. Dans les livres de lecture, les maisons ont des tuiles en écaille, la basse-cour glousse et caquette, le chat dort sur la margelle du puits. Lola a ouvert son beau parasol pour se protéger du soleil, tout est calme, coloré, tout ressemble à un paysage paisible, une image d'Epinal. Dans les maisons, on fait des confitures à la mûre et à la poire, promesses d'un bonheur partagé avec la famille de la ville.

Vendre des fromages au village, des cendrés et des frais, soigner les bêtes et les hommes, reprendre les cours de philosophie dans un parfum de lavande et de foin. Unir l'artisanat et l'intellect, quel bel art de vivre! On a aidé pour les moissons, on aidera pour les vendanges, le vieux Gaston veut bien prêter sa cave et ses tonneaux pour faire le bon vin de la vigne. La Francine et le bon Bruno font tourner la maison en retour, l'entretiennent et la bichonnent comme au temps glorieux où la famille était nombreuse, où les enfants jouaient aux gendarmes et aux voleurs dans les escaliers.

On a donné des cerises en juin, des laitues en juillet, on a essayé de faire pousser des melons tout pâles au piètre goût d'eau sucré mais c'était pas si mal, sauf pour les vendre. Lola sous son parasol regarde d'un oeil les arbres qui frissonnent. On les a plantés y a cinq ans, c'est beau de voir la nature grandir, offrir ses fruits précieux et, riants comme le bouc on dirait, on dirait.