Partir en tournée

Partir en tournée, se prendre pour le mime Marceau, voir Laurel et Hardy en couleur (inimaginable!), jouer un tour au Gros Minet, Titi saura toujours le faire. Etre généreux comme l'artiste naïvement comique, faire du rire une philosophie, je ne parle pas pour moi mais quand je ris c'est de bon coeur et je suis bon public. J'aimerais qu'une petite lumière reste toujours allumée dans ma tête comme si on me faisait toujours rire, si j'avais eu les yeux de mon père, bleu azur... Des yeux fixés sur une image de Charlie Chaplin, entendre la voix d'un artiste de cinéma muet à travers sa musique, faire durer le plaisir. Pourquoi de si longues phrases à la ponctuation rare ont constitué tous mes textes, la plupart du temps courts? Pourquoi ce contraste entre la longueur des phrases et la brièveté des textes? Quelle intonation prendre quand affirmations et interrogations se mêlaient entre elles? Je reviens peu à peu à des phrases plus classiques donc plus courtes, des textes moins courts.

Se rappeler les films de Chaplin qui passaient pour les fêtes de fin d'année, The Kid, La Ruée vers l'or, Les Temps Modernes, Les Lumières de la ville. Quelle joie alors! Etre la doublure du héros, le cascadeur qu'on ne connaît pas, le cheval du cow-boy. Entendre la pluie tomber et écrire pendant que le sommeil vient, penser au beau rêve qu'on a fait la veille, partir du bon pied et faire le grand plongeon. Orchestre de rue, orchestre de chambre, quatuor de cuivres triomphants, duo d'instruments à cordes mélancoliques, tapoter sur le piano pour faire oublier le brouhaha des foules. Oublier les discours pompeux, les hyperboles des bons gros hommes importants, images d'un ancien temps qu'on peut voir encore sur le petit écran. Pourquoi me relire, j'écris comme le fleuve qui coule et polit les pierres sur son passage, il ne revient pas sur ses pas.