Parures

Gabriel Meunier

L'habit fait le moine... Les parures sont ce que nous sommes ; c'est incontournable.

                                                                                         d'écailles

Hydres serpents dragons et chimères

des profondeurs du temps ils sont venus

grottes abymes gouffres

leur chute infinie est toute l'incarnation du mal éternel

vapeurs de soufre pour unique message

maintenant ces créatures se cachent le jour

fuient clarté

pour mieux déchirer

tant de rêves enfantins.


En d'immenses terreurs nocturnes

ils répandent leurs venins brûlants

dévorent brisent déchirent lacèrent

corps et âmes.


Les écailles ont inspiré nos croisés

pour leurs cotes de mailles

le mal par le mal

l'armure est l'arme des faibles

un soir ils tombent et ne peuvent se relever.


                                                                                           De poils

Des temps géologiques peut-être ont-ils hérité d'une toison
protection contre froidure coups déchirures
mais aussi part d'animalité parfois trop mal acceptée.

Vous !
vous, bêtes à poil
n'avez pas le complexe des sataniques écailles.

Bien des parures de grandes dames
vous ont fait plus que des honneurs posthumes
et si les souris sont la terreur de quelques compagnes
vous vengez bien votre costume
caressé du matin au soir.

A poil ! à poil !
expression ridicule
le poil habille !



                                                                                       de plumes

Frêle parure de l'esprit
la plume s'envole
au gré des vents  
par dessus océans déserts  montagnes
alouettes hirondelles cigognes et tant d'autres
reviennent fidèlement porter l'espoir.

Des chasseurs  des braconniers
parfois les attendent
mortellement
honte d'être en leur présence
Se faire plumer
mots terribles.

Heureusement un inconnu particulièrement chaleureux
inventa l'antidote   se remplumer
Recette ?

Impossible de recoller la merveilleuse parure
mais l'amour d'une femme l'amitié la tendresse
et mille autres gestes invisibles
font souvent pousser des ailes.


D'écailles, de poils et de plumes
Hier maintenant demain
Pour de telles parures
Et bien d'autres
L'habit fait le moine.
Certains ordres ne s'en privent pas.



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