Pas de meurtres impunis

Lorsque le commandant Brossard est entré dans la maison, il savait ce qu'il allait trouver.

Le facteur lui avait indiqué ce qu'il avait vu par la fenêtre du living: Marie assise dans un fauteuil.

Il avait appelé, mais elle ne répondait pas, elle semblait dormir.

Arthur Brossard n'était pas dupe. Marie ne s'était pas suicidée comme le prétendait la lettre qu'elle tenait encore dans sa main et comme pouvaient laisser croire le tube de barbituriques vide et le verre de whisky placés à côté du fauteuil sur la petite table en marqueterie.

C'était un peu trop… parfait.

Depuis les "accidents" du mari et de la nièce, il avait beau croire à la loi des séries. C'était trop remarquable pour le surprendre. Il connaissait Marie, elle n'était pas femme à se suicider. C'était une battante.

Il avait donc demandé au procureur, un mandat de perquisition chez Marie et chez Viviane Dujardin. Et une autopsie de la pauvre dame.

Cela faisait deux jours qu'il compulsait les dossiers trouvés chez les deux femmes. Il était persuadé qu'il manquait quelque chose, un élément qui devait lui apporter le déclic. Il attendait le résultat des analyses.

Il était pris par ses pensées et ses questionnements. Quand on frappa à la porte de son bureau.

- Entrez.

C'est le lieutenant Dupuis

- Mon commandant, il y a un anglais qui demande à vous parler. Il dit que c'est au sujet de l'accident de Mademoiselle Dujardin.

- Je le reçois immédiatement!

- Bien chef! Entrez Monsieur.

L'anglais en question est la personne que Viviane Dujardin devait rencontrer. Le brasseur qui avait été contacté par Henri Dujardin.

Mark Brandon apporte, la copie d'un dossier que Viviane lui avait envoyé. Le journal de l'oncle dans lequel elle fait mention de ses doutes concernant le maire et son fils.

L'anglais est persuadé que le maire de Vilenvrac et son fils sont à l'origine de la mort de ces trois personnes, il pense à la théorie du complot.

Le commandant Brossard est de son avis. Il faut les confondre, mais comment?

- Je pourrais prendre contact avec le maire et lui dire que j'ai le dossier des Dujardin en ma possession. Que je sais que c'est lui l'assassin et que j'ai des preuves.

- Cela pourrait être dangereux.

- Pas si vous me protégez en me suivant discrètement, je pourrais avoir un micro sous ma veste…et…

- Nous ne somme pas aux renseignements ni au M16. Monsieur Brandon!

- Il ne me connaît pas. Je pourrais jouer au maître-chanteur et lui demander une grosse somme d'argent contre mon silence et la destruction du dossier.

- C'est tentant.

L'affaire a été vite réglée, tout c'est passé comme prévu.

Le brasseur a rencontré le maire.

Les gendarmes lui avaient posé un mouchard sous son blouson.

Il n'a pas fallut dix minutes pour que Brandon se trouve en très mauvaise situation après avoir voulu faire chanter l'édile.

Le maire lui a fait comprendre qu'il ne jouait pas dans cette cour de récréation. Qu'il se considérait comme étant menacé et qu'il allait l'éliminer grâce à la légitime défense. Brutalement, il s'est enfoncé un coupe papier dans les côtes, a sorti d'un tiroir, un révolver et a visé Brandon en lui disant que c'était une belle idiotie que d'être venu le provoquer.

Les gendarmes se sont précipités dans le bureau et l'ont arrêté à temps. Il a été confondu grâce à l'enregistrement et au courageux témoin.

Déférés, à la brigade criminelle de la police judiciaire, c'est le fils qui a craqué. Après 48 heures de garde à vue. Il a tout avoué et accusé son père de l'avoir entraîné dans ces crimes. C'est lui, qui a saboté les voitures. Mais c'est son père qui a forcé Marie à écrire la lettre et à avaler les barbituriques avec la capsule de cyanure et l'alcool.

Ils ont été immédiatement mis en examen par le juge d'instruction pour homicides volontaires.

"Le maire nie les faits qui lui sont reprochés" a affirmé son avocat, en ajoutant que son client avait "accepté de répondre aux questions du juge d'instruction".

Un magistrat a ensuite ordonné son placement en détention provisoire, comme l'avait requis le parquet.

Ils ont été condamnés, après jugement, à trente années de prison.

Les dossiers d'Henri Dujardin sont restés longtemps dans les archives du département de recherches scientifiques. Un étudiant en criminologie qui faisait une thèse sur la théorie du complot a désiré les compulser.

En vain. Ils avaient mystérieusement disparu.