pas groupie

mada

je n'ai pas été

je n'ai pas été groupie de chanteurs, d'artistes de cinéma, de coureurs cyclistes, de coureurs de fond..(mais j'ai une signature de michel jazy...c'était à carca..au stade domec...j'allais faire du mur -tennis- et j'ai pris faisant déraper mon solex sur les gravillons comme les mauvais garçons sur leur mob, une des nombreuses gamelles à l'amour propre de ma vie.....pour me consoler (les médaillés du meeting d'athlétismes) ils ont signé sur le rimbaud qui était avec mon solex ma deuxième peau...

non..j'étais amoureuse d'écrivains...mais pas amoureuse d'amour...pas sexe..amoureuse..amoureuse, comme enfant on est amoureuse de Jésus...je n'étais pas bouleversée par leurs livres...ils n'étaient pas nécessaires à ma respiration comme d'autres...je ne les transportais pas en sacs à main...comme d'autres...Je n'avais pas de goût pour leur écrire...non...j'étais béatement, bécassement amoureuse et j'aimais cette sonorité sans sentiment...amoureuse... je lisais leurs écrits... les articles..j'achetais tous leurs livres...me scotchait devant l'écran quand ils parlaient ..(j'avais dans ces vies là comme dans les autres un mec..il y avait toujours un mec dont je n'étais défaillante amoureuse..) ; je n'étais pas dans la passion secrète gravant au stylo bille leurs initiales sur mes paquets de cigarettes... je parlais aux copines de ces amours..comme dans une pièce de théâtre.

geoges walter..la ballade de sacramento slim..me souviens plus de l'histoire..seulement du titre et beaucoup de lui...cheveux noirs crantés, veste de velours, col roulé, fumant la pipe.. un peu condescendant dans ses entretiens...et pour lui, j'inventais des histoires....histoires qu'il aurait bien sûr dû écrire...j'étais l'égérie de cet amour...un jour, il a cessé...me souviens plus...peut-être les souliers...mais j'ai encore pour lui des indulgences liées à ce souvenir...il est hongrois..c'était peut-être ça ce spatial qu'alors j'ignorais...

michel del castillo...aux magasins réunis qui ne doivent plus exister, séance de dédicace...une file très 17ème...de mise en plis et colliers de perles  (je moque mais j'adore les perles..) et moi, dans cette queue, mes livres à la main, un peu chamade...même beaucoup quand vient mon tour : -"à quel nom ?" "paniquée ma première et dernière dédicace - "à moi" -"oui mais à qui ?" - "le mien"..il était assis...tassé de biais sur sa chaise...le stylo à la main fleurant l'impatience et le désagréable...la dame derrière me dit -"il demande votre nom" et il a pris toute la page de garde pour griffonner à marion michel del castillo...j'ai plein de livres dédicacés hors champ de ces séances...mais celle-ci, une horreur à mon amour-propre..encore.... j'en ai acheté un autre par la suite qui réglait son histoire avec sa mère...me souviens de ce dernier car il avait écrit parlant de Dina "c'est le superflu qui lui est nécéssaire" et mon coeur saigne quand je pense aux pauvres...il était brun aussi..les cheveux souples...et il était d'espagne...inconsciemment j'aime les liens dans l'espace..une histoire aussi de famille...un grand oncle gracié par la fonction d'un autre grand-oncle évêque ou contre evêque....je n'inventais rien pour lui..juste mon amour de rien...comme cela s'est terminé..un passage à apostrophes...je venais d'apprendre qu'il passait le soir à l'émission...et j'avais enquiquiné un étage aux alouettes pour être sur le plateau...pardon GM. qui a ma surprise mis fin à ce curieux amour..

avec Hemingway...ces amours purement livresques étaient compliquées..me faisant le palais au whisky car pas de goût pour les cocktails.....mais j'étais rebelle au travail d'écriture tout en rêvant du Nobel de littérature...j'ai fait un beak avec lui...pour d'autres écritures...mais je l'aime toujours...d'une admiration inconditionnelle...

suis toujours dans l'amour des pages reliées...communications  interstellaires ..et dans ces influx invisibles, je crois aux contacts subtils des doigts pressant les paumes...

mada..t74

dessin filigranes de papier d'auvergne (chez henri pourrat)

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