Pêche à Granville.

Christophe Hulé

Les petits peuvent être grands, et inversement. Il n' y a pas de pré-détermination. Rien ni personne ne peut nous obliger à entrer dans les cases. On ne peut accepter de vivre dans un bocal scellé avec l'étiquette qu'on a bien voulu nous coller au derrière. Certains acceptent de forger leurs propres chaînes.Des forçats de la vie, zombies scotchés aux écrans, aux tablettes, homos consommatorius.

Si le statut social est la seule référence, pour le suivre à la lettre ou se positionner contre, on est perdu d'avance.

Quand on a vécu dans l'insécurité permanente, les coups, le père alcoolique et les grands frères en prison.

Toutes les scories à la Zola peuvent bien vous faire envisager la vie autrement. Moi j'appartenais au clan des Duquesnoy (La vie est un long fleuve tranquille).

Mes parents étaient pas riches mais se débrouillaient bien. Avant la crise pétrolière, on pouvait investir dans l'immobilier sans être nanti. C'est la mise de départ qui compte.

En faisant eux-mêmes des travaux, mes parents faisaient fructifier la petite entreprise.

Avec 7 bouches à nourrir, totalement improductives, il fallait tenir la barre et le livre de comptes.

Ma mère n'hésitait pas à enchaîner les petits travaux rémunérés pour ajouter le beurre aux épinards.

Elle tricotait des pulls avec une drôle de machine de la taille d'un piano. Elle faisait aussi le ménage chez les bourgeois. Je n'ai rien contre les femmes de ménage, mais ça ne me plaisait pas du tout à l'époque.

Malgré un budget, qui devait être serré, on ne manquait de rien. La brute de la famille a beau ironiser sur les maillots de bain en laine tricotés par ma mère, on a jamais eu faim.

Sur les photos, on était sapés à la mode de l'époque, avec les montures de lunettes à la mode sécu. Les petits héritaient des vêtements des plus grands. Bon, les camarades d'école étaient tous pareils, à quelques exceptions près. On ne connaissait pas les marques ou les smartphones hors de prix.

Les parents aujourd'hui ne devraient s'en prendre qu'à eux-mêmes. Si la dictature du Meilleur des Mondes montent à la tête des gamins, rivés sur leurs tablettes, peut-on vraiment leur en vouloir ? Avec la pub bien pensée par des individus en costards-cravates qui sont payés pour ça, il faut bien sonner le rappel dans les chaumières. Hélas, tout le monde mord à l'hameçon, et les jeunes parents ont barboté aussi dans ces eaux troubles, avec toutes les sirènes siliconées et les bonimenteurs à l'allure de gendre idéal.

Ajouter à cela la concurrence impitoyable dans la cour de récré, les parents font la queue pour passer à la caisse.

Nous, on avaient le repas du Dimanche. Ma mère achetait toujours des gâteaux à la pâtisserie. Et le couscous, et le gigot d'agneau, et la poule au pot, et j'en passe. Dans la semaine, rien n'était jamais comme la veille. Pas de Macdos à l'époque, on avait des œufs à la coque avec des tartines coupées en longueur, des crêpes au jambon avec œuf et gruyère et à la confiture. En Normandie, il y avait encore des haies, on y cueillait les mûres. Et les gaufres, et les bacs de glace avec la cuillère spéciale pour faire des boules comme sur le Plat Gousset.

Et puis, la pèche à marée basse n'était pas réglementée comme aujourd'hui. On rapportait des seaux entiers de moules et de coques. On avait tous une bichette pour les crevettes et les bouquets, avec le panier en plastique qui ressemblait à un vrai panier en trompe-l'œil. Une fois, on avait péché une raie par hasard avec les mini tridents qui nous servaient à ramasser les coques. On avait mis la raie exprès au fond du seau, recouverte par les coquillages.

On était tous dans la cuisine, même mon père, pour se payer une bonne tranche de rigolade.

On avait appelé ma sœur aînée pour qu'elle vide le seau dans l'évier et qu'elle nettoie les moules et les coques. Ma sœur avait un peu râlé devant cette corvée imprévue, sans apercevoir qu'on était tous là. Certains pouffaient déjà.

Quand la raie a atterrie au fond de l'évier, on s'est bouché les oreilles avec mon petit frère et on a bien fait. Mème la chienne s'est mise à aboyer quand le cri a retenti.

Je suis sûr que ma sœur aurait eu du succès au cinéma dans les films de série B.

  • je trouve que Granville est une belle ville... j'y suis allée trois fois j'aime bien les vieilles maisons...

    · Il y a presque 3 ans ·
    One day  one cutie   23 mademoiselle jeanne by davidraphet d957ehy

    vividecateri

    • J'y suis resté 13 ans, enfance rêvée!

      · Il y a presque 3 ans ·
      Lwlavatar

      Christophe Hulé

  • C'est une belle histoire j'aime bien les souvenirs d'antan... mais cette nostalgie, j'espère qu'elle ne te fait pas trop de mal... le passé c'est le passé et faut faire avec son temps...

    · Il y a presque 3 ans ·
    One day  one cutie   23 mademoiselle jeanne by davidraphet d957ehy

    vividecateri

    • Je vais faire du HL: je les ai tous tués depuis!

      · Il y a presque 3 ans ·
      Lwlavatar

      Christophe Hulé

  • La machine à tricoter avec allers et retours, je me rappelle en avoir joué !

    · Il y a presque 3 ans ·
    30ansagathe orig

    yl5

    • Ça me rappelle un histoire belge. Dans un magasin de musique.
      Bon, j'vais prendre le bignou et l'accordéon, là et là une fois.
      Pour l’extincteur on peut faire quelque chose, mais pour le radiateur ça va pas être possible.

      · Il y a presque 3 ans ·
      Lwlavatar

      Christophe Hulé

  • Je me retrouve un peu ici....

    · Il y a presque 3 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Tu as joué dans des films de série B?

      · Il y a presque 3 ans ·
      Lwlavatar

      Christophe Hulé

    • Non pas !!
      Mais on a tous, plus ou moins, des souvenirs communs.

      · Il y a presque 3 ans ·
      Louve blanche

      Louve

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