Père bonnet rouge

Jean Claude Blanc

conte de Noël à l'approche de minuit; pensées pour ces petits innocents qui n'ont rien à croûter ; joyeux Noël à tous quand même....

                   Père bonnet rouge

Ce soir, « vœux » croire au Père Noël

Même lui serai toujours fidèle

Malgré mes ans qui s'amoncellent

Ma naïveté est éternelle

 

Cher bonnet rouge à barbe blanche

Tu bosses même le dimanche

Pour tous tes gosses, retrousses tes manches

Qui s'impatientent, mains sur les hanches

 

Certes, j'ai vieilli, et pris des coups

Ça m'empêche pas d'être jaloux

De ces gamins, pleins de joujoux

De leurs parents, sur les genoux

 

Pris quelques rides, dans mon cerveau

Mon esprit me fait pas défaut

Hélas, je pense aux mendigots

Qui fêtent Noël, en caniveaux

 

Tu sais ici, la faim fait rage

Tout n'est que fric et gaspillage

Si tu descends de ton nuage

Oublies un peu, les mioches trop sages

 

Fais gaffe, y'a plus de cheminées

Ni de sabots, ni d'extasiés

Frappe à la porte, avant d'entrer

Tu pourrais bien, te faire plomber

 

Pas besoin de traineaux, y'a des scooters

Pour d'âtre en âtre, plus la galère

Car distribuer, c'est ton affaire

Grâce au progrès, tu accélères

 

Minuit pétante, c'est terminé

Comme par miracle, t'as tout passé

Tu vas pouvoir, te délasser

Un jour pas an, pas déconner

Tu vas pas être éreinté

 

Les étoiles brillent, quoi d'étonnant

La flotte givre sur l'étang

Rêvasse encore, pauvre innocent

Môme ébloui, passe son temps

 

Bonhomme Noël, plume ses oies

En l'occurrence, c'est pas le cas

Car de la neige, n'y en a pas

Ça la fout mal, soir de repas

Dans ma nuit noire, seul, frileux

Je plains ces mômes malheureux

Qui n'ont pour toit, que voûte des cieux

Pépère Noël, sois généreux

 

Certains imitent ta parure

En prêchant la bonne aventure

Ça se voit pas sur leur figure

Changent leur aplomb, en or pur

 

Heureusement, je te connais

T'es silencieux, plutôt discret

Manque de pot, te vois jamais

Peut-être mieux, t'imaginer

 

Alors au sens figuré

Tu apparais sur mes sommets

De mes montagnes, de mes forêts

Respire ton air, pas vicié

Dans l'eau des sources, dans le vent d'hiver

Ta silhouette de père austère

S'y noie sans peine, ton caractère

Comme la nature, t'es éphémère

 

Nuit de Noël, Enfant Jésus !

Né dans la crèche, j'y ai pas cru

De religion, suis dépourvu

Préfère étrennes, du vieux barbu

 

Retour à la case folie

Petit espiègle, plein de malice

Le dites pas à ma mamie

Pourrait porter à préjudice

 

Evidemment que tu existes

De t'inventer, y'a pas de risque

Je suis friand, de bonnes surprises

Ceux qui se moquent, leur fais la nique

 

Cher Père Noël, lis ma missive

Je crois en toi, version fictive

Car j'ai encore la mémoire vive

Tu m'as comblé, par l'entremise

Papa maman, qu'en moi revivent

 

24 décembre, patiente encore

Mais à minuit, plie le décor

Si tu viens pas, je le déplore

Veux pas choper mal de la mort

Romanichel, je couche dehors

M'abandonne pas, à triste sort       JC Blanc   décembre 2014 (conte de Noël pour expatriés)

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