Petit Poulpe

Petit poulpe,

J'ai eu une idée aujourd'hui, ce soir, avant de te border dans ton lit plus si petit que ça. Tu ne le sais pas encore mais moi, les idées, il faut que je note ou que je les réalise tout de suite. Sinon, je les oublie. Je les désapprends. Je les enterre. Et plus jamais, elles ne reviennent, vexées.

Alors comme j'ai eu une idée ce soir, juste avant ton bisous du soir, que bientôt, je pense, tu ne réclameras plus, je la réalise.

Je prends un stylo, une feuille et je t'écris un mot, un broutille, rien d'important Petit Poulpe.

Juste un mot pour t'expliquer quelques choses qui vont arriver.

N'oublie pas jamais ton goûter et râle toujours lorsque moi, adulte débile, je l'aurais oublié. Parce qu'un jour, tu vas l'oublier et tu vas te dire que finalement, tu peux te passer d'un goûter. Et ce jour là, tu auras un pas vers moi, vers les Grands. Ce ne sont pas des monstres, juste des enfants un peu bizarres. Qui ont oubliés un tas de choses et appris d'autres, qui te paraissent nuls maintenant.

J'ai un pincement au cœur ce soir. J'ai un pincement en t'imaginant grandir tout seul. Comme un grand.

Réclame moi toujours de te porter sur mon dos de vieillard. Arrache moi les cheveux et n'oublie pas de sourire en partant. Ne sois pas sérieux. Pas encore. Pas tout de suite.

Attend Petit poulpe, d'avoir 50 ans et des cheveux blancs pour ça. De le vouloir. Explique moi ce que tu as fais à l'école, au collège, au lycée, au travail, tous les jours. Force moi à t'écouter, Petit poulpe, parce qu'un jour, moi aussi je deviendrais un Grand. Un vrai. Et je n'aurais plus la force de t'écouter vraiment en rentrant du travail. Et je crierais quand je serais fatigué et que je trouverais la vie difficile.

Alors s'il te plaît, Petit poulpe endormi, rappelle moi toujours à coup de sourires et d'oreillers, que ce n'est pas difficile la vie. Tant qu'on est ensemble.

Papa