Petite chronique de la vie écolière 2
ysee-louise
Lundi
Les premiers mots d’enfants entendus ce matin : « T’es beeeeeeeeeeeeeeelle maîtresse ! ». Bien sûr, c’est Iman, avec ses grands yeux tout enamourés. Je rétorque dans un sourire :
- Bonjour à toi aussi Iman. Tu sais ma grande, en français, le matin, pour se saluer, on dit « bonjour ». En pakistanais on dit « t’es belle » pour se saluer le matin ?
- Ah non, répond très sérieusement la petite demoiselle, on dit « bonjour », mais j’ai dit ça parce que t’es trop belle maîtresse, et je suis sûre que demain tu seras encore la plus belle…
- Ce qui est certain, c’est que je serai tout à fait la même qu’aujourd’hui, pour ça, oui, tu as raison.
Je souris.
- Bonjour à tous. Allez, on y va, les conducteurs de rang, vous pouvez avancer. Erwin, Zaryab-Ali, en rang s’il vous plait. Tony, tu sais bien que c’est deux par deux, il faut être rangé avec un camarade, pas avec soi-même….
Il fait un peu frais, mais le soleil illumine la cour de récréation. Nous nous dirigeons vers le gymnase. Une belle journée commence…
Iman est une des dernières dans le vestiaire. J’en profite pour faire en sorte de me retrouver seule avec elle quelques instants. Je lui demande si elle a passé un bon week-end. Elle me répond par l’affirmative avec un grand sourire. J’insiste un peu :
- Et avec papa, tout s’est bien passé ?
- Oui, oui.
Un large sourire éclaire son visage.
- Et il ne t’a pas fait mal ?
- Non.
De nouveau, un sourire.
- Ah, alors je suis contente, parce qu’il est hors de question qu’il continue à te donner des coups comme il l’a fait l’autre jour. S’il recommence, il faut absolument que tu me le dises, et nous verrons comment nous pouvons faire pour que ça ne se reproduise plus.
- D’accord maîtresse. Je peux aller maintenant ? Je peux éteindre la lumière du vestiaire ?
- Oui, oui, Iman, vas-y. Je viens aussi, tu peux éteindre, merci.
- T’es belle maîtresse.
- Merci Iman, tu es très belle toi aussi.
Je ne sais que penser de ce petit entretien volé à la séance de sport. Le directeur et le médecin scolaire ont-ils finalement vraiment réussi à convaincre le papa ? Dit-elle ça pour me rassurer ? Le papa a-t-il réussi à la convaincre, elle, de ne plus en parler ? Je suis assaillie par les doutes. Mais que puis-je faire de plus que ce que j’ai déjà fait ? Je ne veux pas trop insister, de peur de perturber encore plus la petite. Par contre, je reste vigilante, et plutôt deux fois qu’une ! C’est sans doute cela le plus difficile dans ce métier : le sentiment d’impuissance. Nous nous retrouvons si souvent face à des détresses auxquelles nous ne pouvons rien. Tout ce que je peux faire, je crois, c’est rester à l’écoute, faire en sorte qu’elle puisse venir me parler si elle en a besoin, et lui apporter un moment de tranquillité et de sécurité lorsqu’elle est dans la classe.
Pour l’instant, je préfère envisager la réponse la plus optimiste. Je ne me voile pas la face, mais quitte à choisir, autant aller dans ce sens là. Le directeur m’a expliqué que cette famille était en grande détresse financière et morale. Pas d’argent pour acheter des jouets, les enfants s’ennuient et traînent dans la rue. Si je veux protéger Iman, je pense pour l’instant que le dialogue avec la famille est une bonne solution. Il ne s’agit pas de violence pathologique, comme j’en ai connu avec certains élèves qui étaient battus systématiquement. Là, c’est une violence culturelle. La première étape a été d’expliquer qu’ici, en France, ce n’était pas possible, et que la loi l’interdisait. Maintenant, la seconde étape est sans doute de ne pas rompre la communication avec eux, et de les soutenir un peu, dans la mesure du possible.
Les chambres de mes enfants et de leurs copains regorgent de jouets non-utilisés. Les placards débordent de vêtements trop petits à peine portés. Je vais faire une collecte auprès de mes amies, et faire aussi un peu de tri dans ma maison. Je donnerai le carton au directeur qui pourra ensuite transmettre à la famille d’Iman. Je serai exigeante sur les « dons ». Je ne veux que des objets en parfait état. C’est important la fierté. Cette famille n’a jamais demandé qu’on lui fasse la charité. Il s’agit juste d’un petit coup de pouce ponctuel. Un message qui dit : Nous vous demandons de changer vos habitudes et vos coutumes pour le bien de votre enfant. Nous pouvons vous aider en leur donnant de quoi s’occuper, et ainsi vous aurez moins besoin de vous fâcher.
Ce n’est pas grand-chose. Sans doute un placébo pour mon sentiment pathologique d’impuissance. Mais au moins, j’essaye.
J’entends déjà certains collègues, pas ceux de mon école. Eux, ils sont incroyables d’humanité et de bon sens. Non, je pense à certains collègues croisés depuis dix ans que je fais ce métier, ceux qui font ça pour les horaires aménagées et les vacances scolaires. Ils me montreraient du doigt, comme ils l’ont déjà fait, en me traitant de démago. Certains s’insurgeraient, m’apostrophant :
- On n’est pas assistante sociale ni mère Thérésa. On est là pour leur apprendre le programme, un point c’est tout. Pour le reste, c’est aux familles d’assumer.
Oui, je suis d’accord. Quoi que, mère Thérésa, j’ai toujours aimé le personnage, son franc parlé, et sa compréhension incroyable des hommes. Je digresse, comme d’habitude ! Certes, notre travail est d’enseigner. Mais nous sommes aussi des êtres humains, adultes, face à des petits d’hommes, qui nous sont confiés toute la journée. Nous les voyons grandir, évoluer, sourire, éclater de rire, comprendre, s’illuminer tout à coup, bouder, râler, tomber amoureux, détester, haïr, geindre, se moucher, s’épouiller, se gratter, s’interroger, désespérer, reprendre espoir, se dépasser, etc. Bref, nous partageons de véritables moments de vie avec eux. Comment, alors, passer à côté de choses si importantes que leur sécurité, leur intégrité physique et morale ?
Iman m’a regardée avec ses grands yeux doux, et elle m’a redit que j’étais belle. Pour vous dire la vérité, ce n’est pas vrai, je ne suis pas jolie, je ne l’ai jamais été. Mais c’est sa manière à elle de me dire qu’elle m’aime. Et je crois bien que j’ai trouvé ma névrose. Chaque enseignant est un névrosé qui s’ignore…ou pas. Bien sûr, différents degrés de névroses existent. Certaines sont légères, d’autres très intenses. Par exemple, nous avons tous connus un ou une instit qui avait un tel besoin de dominer que tous devaient répondre au doigt et à l’œil à la moindre de ses directives, même muette ! Certains sont là parce qu’ils ont des problèmes relationnels avec les adultes, qu’ils sont incapables d’affronter pour de vrai les responsabilités et le monde du travail tel qu’il existe dans le privé, d’autres parce qu’ils n’ont jamais tout à fait réussi à quitter le monde de l’enfance, etc. Pour ma part, je pense que j’ai un besoin maladif d’être aimée. Et pour ça, être maîtresse d’école, c’est la plus belle cure qui soit. Tout au long de la journée, des petits êtres gracieux se relaient pour me dire qu’ils m’aiment. Ils m’offrent des cadeaux, me font des compliments, cherchent mon regard, recherchent mon attention. Et dire qu’en plus, je suis payée pour ça !!!
Zut, je me suis encore perdue dans les alpages, loin de mes moutons. Revenons donc à nos ovins, ou plutôt à nos élèves, laissés en pleine séance de sport.
Nous avons le privilège d’avoir un gymnase rien que pour nous dans l’école. Oh, rien d’extraordinaire. Une vieille salle, pas très grande, les murs décrépis et les canalisations rouillées, mais une salle rien que pour nous, on ne va pas râler en plus ! Il suffit de traverser la cour et hop, en trois pas, nous y sommes. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, nous avons le professeur de sport fourni par la ville avec le gymnase! C’est une véritable chance, parce que les enseignants ont beau être multitâches, on ne peut pas être des spécialistes de toutes les matières, ça n’est pas possible. Ce que fait Eric avec les élèves, je ne ferai jamais aussi bien. C’est pertinent, pointu, adapté, et ça permet de développer des compétences chez eux qu’ils n’auraient pu si bien acquérir avec moi. Je ne suis pas assez compétente moi-même en la matière. Et puis, autant en profiter, le lundi matin, ça me fait une auto-formation. Je l’observe. Je prends des notes (pendant la récréation, juste après, à chaud c’est mieux). Voir un expert à l’œuvre et participer à ses séances, il n’y a rien de mieux pour apprendre.
Ce matin, c’est sport d’opposition. Il a installé huit petits ateliers. Chaque atelier permet un jeu différent dont le principe est toujours le même : mettre son adversaire hors du tapis sans faire de mal, ni à lui, ni à soi. C’est très intéressant du point de vue psychomoteur, mais aussi pour la vie de l’école. Ne nous voilons pas la face. L’école est au milieu de « grands ensembles urbains » comme ils disent à la radio. Traduisez : des HLM sordides dans lesquels on entasse l’immigration récente. Turques, pakistanais, irakiens et afghans constituent la grande majorité des familles du quartier. Mélangez à ça les enfants nés en Afrique qui sont arrivés en cours de maternelle. Ajoutez quelques français à la dérive. Vous obtenez du feu d’artifice dans la cour de récréation, et il est parfois difficile d’éviter les écueils communautaires. Alors, les règles d’or d’Eric sont les bienvenues. Je crois que je vais en faire une nouvelle banderole pour la classe. Je termine avec Eric et ensuite je parle des banderoles… Donc, ses deux règles d’or, il les a énoncées au début de la séance, et les a répétées en milieu d’action :
- On a le droit de tout faire tant que ça ne fait pas mal aux autres. Et il faut tout faire pour que les autres ne nous fassent pas de mal.
Ça c’est parfait pour la cour de récréation, et pour la vie en générale ! On devrait le rajouter en sous-titre des premiers articles de la déclaration des droits de l’homme. Ça donnerait :
Article premier : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Article 2 : 1.Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
1 bis : On a le droit de tout faire tant que ça ne fait pas mal aux autres. Et il faut tout faire pour que les autres ne nous fassent pas de mal.
Ah oui, c’est bien, je vais en faire une banderole. Eric a bien expliqué. Bon, le début est limpide : ne pas faire mal aux autres, on a compris. Mais la suite est bien plus subtile : tout faire pour que les autres ne nous fassent pas de mal. Cela implique qu’on ne se mette pas dans des situations trop dangereuses, qu’on évalue les risques, qu’on connaisse ses limites et celles de l’autre, et aussi, qu’on ne se laisse pas faire, et qu’on puisse exprimer son désaccord, si ça nous fait mal, si ça nous indispose. C’est important dans la vie ça ! Ça ne fait pas partie du socle commun (les programmes…), mais je vais tout de même le noter dans mes objectifs de classe.
Au dessus du tableau, on trouve toujours la fameuse lampe pour éclairer le savoir. Je suppose que toutes les écoles d’antan, de maintenant, de France et de Navarre, connaissent ce néon qui fait dire aux enfants chaque matin « Maîtreeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeesse, je peux allumer la lumière du tableauoooooooooooooooooooooooooooooooooo ? » Et là, l’instant magique, tant attendu depuis tant de jours que, jamais, non, jamais c’est lui qu’on choisi pour le faire : le titou appuie sur l’interrupteur, et la lumière se fait dans la classe et dans leurs petites caboches. Et bien, sur cette lampe, nous avons accroché, avec de la pâte à fixe, deux bandes de papier. L’une a été fabriquée par Erwin. A tout seigneur tout honneur, la citation est de lui, lui revenait donc de droit la fabrication du support. Voici la merveille de notre artiste de la métacognition : Il faut allumer son cerveau. Réponse à ma question du premier jour : « Que fait-on dans la classe ? ».
Absolument vrai, extraordinaire réponse s’il en est. Oui, tu as raison Erwin. Si je réussis, chaque matin, à faire en sorte que vous tous, mes élèves, vous mettiez en marche la drôle de machine en matière toute grise qui loge sous votre crâne, alors tout ce travail n’aura pas été vain ! Et dire que sa maîtresse de l’an dernier m’a « prévenue » qu’il était passé de justesse, parce que, « tu verras », me dit-elle, « c’est un tire au flan, pas un effort, il ne fait rien de ses journée. » Ah bah, pardon du peu ma p’tite dame, il a tout compris ! Il a compris qu’avant tout il fallait mettre son cerveau en marche, et que ça, personne ne pouvait le faire à sa place. Et d’ailleurs, cela ne fait pas un mois que nous sommes rentrés, et il l’a allumé de multiples fois son moteur intérieur. Comme quoi, tout est question de point de vue dans la vie !
Deuxième banderole, celle des deux copines, Marion et Feryel. La phrase est de Feryel, qui a bien écouté ce qu’a dit Erwin, et dont les immenses yeux bleus venus tout droit de sa kabbylie se sont illuminés d’un coup. Elle a levé le doigt sans rien dire. Pas les habituels « moi, moi, maîtresse, je sais » qui ont le don d’énerver cordialement les maîtresses (et les maîtres aussi, mais j’ai décidé que dans l’éducation nationale je mettrai le pluriel au féminin, parce que, y a pas de raison, les femmes sont bien plus nombreuses, c’est connu, et puis dans l’école, l’équipe est strictement féminine, à part le directeur qui, comme son « teur » l’indique, est un homme). Elle ne disait rien, mais elle me transperçait de son regard nomade. Evidement, je n’ai pu faire autrement que de l’interroger. Elle a répondu d’une voix douce :
- Surtout, on est là pour apprendre !
Oui, tu as raison gracieuse princesse du désert, vous êtes là pour apprendre. Apprendre quoi ? Apprendre comment ? Là sont les questions ! Mais apprendre, oui, ça c’est certain.
Hop, nouveaux applaudissements. Hop, nouvelle banderole :
- Je peux la faire avec Marion, s’il te plait, maîtreeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeesse ?
- Marion, Marion qui ? Marion ta supère meilleure extraordinaire copine ? Tu veux parler de cette Marion là ?
Grand sourire de la princesse. Rire général.
- Oui, c’est d’accord Feryel, tu peux la faire avec ta Marion. Mais alors, vous la signerez toutes les deux.
Feryel et Marion, les inséparables. La première, la peau dorée, les yeux azur immenses, les cheveux raides, châtains clairs, petite puce, une des plus petites de la classe. La deuxième, la grande Marion, une des plus grandes de la classe, de longues jambes qui lui sont bien utiles en sport, de longs cheveux noirs frisés magnifiques, un regard de biche sombre et profond, la peau d’ébène, la bouche et les joues rondes et pleines. Des âmes sœurs qui se complètent dans leurs différences.
Donc, il y aura bientôt une troisième banderole, au dessus des deux premières, là où il restait un peu de place. Je ne dois pas oublier de la faire signer par Eric, parce que cette phrase, c’est lui qui en est l’auteur : à tout seigneur, tout honneur !
Oui, Eric est un seigneur. Il apporte une richesse incroyable à cette école. Il fait faire de la capoeira aux élèves, de l’acrobatie urbaine et des arts du cirque ! Je suppose que peu d’écoles peuvent se vanter de tant de diversité dans la pratique sportive…
Mais ce matin, séance classique, nous disions donc, jeux d’oppositions. Ça se passe très bien. J’aide les arbitres à arbitrer correctement. J’encourage les enfants les moins gaillards. J’en taquine certains, en particulier les gros bras. Aucun mort, deux blessés. Fizan s’est cogné la tête par terre, ce qui est un exploit en soit, vu le nombre de tapis posés autour de la zône de son atelier ! Mais ça va, il s’en sort avec une petite bosse. Une heure après, il ne sent déjà plus rien.
Deuxième bobo : Salman, celui de CM1, pas mon Salman de CE2-paquet-cadeau, l’autre Salman, le grand. Je suis un peu étonnée qu’il se tienne la jambe parce qu’Enes l’a seulement attrapé par son membre postérieur, mais je n’ai pas eu l’impression qu’il ait trop serré. Je m’en étonne donc auprès de l’intéressé qui réplique :
- Mais c’est pas Enes maîtresse. C’est Oumar !
- Oumar ? Mais Oumar n’est pas dans notre classe Salman ! En ce moment, il est à l’autre bout de la cour, au premier étage, dans sa classe à lui. Il n’a pas pu te faire mal à la jambe…
- Non, mais maîtresse, c’est pas Oumar, c’est sa mère !
- Sa mère ???
- Bah ouais…
Enes le coupe et renchérit :
- Oui, c’est vrai maîtresse, dewor Oumar i nous tape et après on veut pas ki nous tape et on le pousse et après i va plôrer à sa mère et après sa mère elle vient…
Salman enchaîne, quelque peu échauffé :
- Ouais, c’est vrai maîtresse, elle vient et elle fait comme ça avec mon oreille et dimonche elle frappé moi là et j’ai mal maintenant !
Je nage en pleine hallucination. Je sais qui est cette dame. Elle est grande, massive, voilée des pieds à la tête, tout en blanc, tous les jours, tout en blanc. J’imagine les cauchemars que doivent faire mes gaillards certaines nuits ! Et là, pour le coup, je ne peux vraiment rien faire contre cette folle furieuse qui se permet de donner des roustes aux enfants qui ne sont pas les siens. J’ai tout de même expliqué à Enes et à Salman que cette dame n’avait pas le droit de faire ça, qu’ils devaient en parler à leurs parents. Mais ils m’ont opposé un argument sans appel : quand ils le font, cette dame donne évidemment sa propre version des faits, et ils ont droit à une deuxième ration de claques, de la part de leur paternel cette fois !
Voilà ! Voilà ce qu’il se passe quand ils sortent de l’école. Alors, forcément, quand on est là à leur asséner nos petites règles de vie, il ne faut pas vous bagarrer dans la cour, i tutti quanti, quelle crédibilité pouvons-nous avoir ? Et puis, on se rend compte que le premier enjeu, vraiment primordial, est de gagner leur confiance. Parce que les référents adultes auxquels ils ont à faire n’apportent pas forcément ce qui serait souhaitable pour eux !
Dans ce cas particulier, que faire ? Rien ! ça se passe en dehors de l’école, je ne peux rien faire. C’est vraiment rageant !!!
Merci Principe. Quelle énergie à 4h00 du matin! Mais nous devons transformer notre rage contre le système en énergie pour avancer, avancer, avancer et essayer de sauver nos titous, au moins planter des petites graines de savoir qui germeront peut-être un jour, qui sait?
· Il y a presque 14 ans ·ysee-louise
J'ai lu vos deux chroniques de classe. Ces tranches de vie de maîtresse valent bien plus que tous les chiffres et autres statistiques sur le niveau des élèves à l'entrée en sixième lancés par nos successifs sinistres de l'Education Nationale, repris - sans aucun recul - par les JT. Dans vos textes, on retrouve les élèves de certaines écoles d'aujourd'hui qui ne sont plus celles d'hier. Ces gosses, englués dans une misère sociale ignorée volontairement ou non par une classe dirigeante, méprisante, de plus en plus éloignée de la réalité, ne deviendront peut-être jamais pompier, docteur, infirmière ou... maîtresse d'école. A qui la faute ? Certainement pas aux "enfeignants" à qui on demande d'appliquer des programmes plus ambitieux en termes de quantité qu'il y a 30 ans à des classes de 28 ou 30 élèves, de plus, sur des semaines de 4 jours. Ces élèves ont la chance de vous avoir comme maîtresse, Ysée-Louise.
· Il y a presque 14 ans ·un-certain-principe
Tu es beeeelle de l'intérieur, ça c'est sûr!
· Il y a presque 14 ans ·pointedenis
Il n'y a rien de pire que ce sentiment d'impuissance en effet. Merci Ysée-Louise. Cette chronique est un bienfait pour l'humanité. J'aime beaucoup. Un euphémisme.
· Il y a presque 14 ans ·bibine-poivron