Peur sur la cité

Hervé Lénervé

Evidemment, monsieur l'agent que je l'ai entendue crier. Mais le temps que je range mes affaires, avant que je sorte, elle était déjà morte.

Et ça ne pouvais pas attendre de ranger vos affaires ?

Si, bien sûr, mais je n'aime pas remettre à la veille.

En attendant, c'est la cinquième ménagére octogénère retrouvée morte étranglée dans la cité pavillonère.

Oh, vous pensez qu'il y aurait un lien de causalité sociopublicitaire ? Ce sont peut être des cibles du hasard. C'est rempli de vieilles la cité pavillionère. C'est un élevage.

Il n'empêche que l'assassin assassine toujours. Vous n'auriez pas vu un détail qui puisse...

Maintenant que vous me le dite, j'ai vu un homme patibulaire partir en déguerbissant comme un lièvre qui aurait fait un sal coup.

Avez-vous vu son visage ?

Vite fait. Il avait les cheveux court et dru, brun, très brun. De petits yeux vicieux, défoncés dans les orbites, un nez tordu de cafetière, une bouche édentée de piano et une vilaine cicatrice sur la joue gauche.

C'est flou. Vous ne pouvez pas être plus précis ?

Je l'ai pris en photo. Regardez !

C'est flou !

Il fuyait, alors bien sur, c'est flou sur le net.

Il doit être loin, maintenant.

Il a peut être eu le temps de s'en faire une sixième.

C'est ça ! Il va nous laisser des indices, comme le Petit Poucet et on va le suivre à la trace.

Alors, je vous souhaite une bonne chasse à l'Ogre, monsieur l'agent. Ce fut un réel plaisir, vraiment.

Quand on peut rendre service.

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