PIANISSIMO

mysterieuse

Cœur asséché, regard trempé, peau glacée, elle cherche sur le clavier le rythme de son passé. Mais pour l'instant, les notes résonnent de son chagrin assassin et de ce vide abyssal ancré en son sein ! La musique console, la musique raccommode les cœurs brisés, quelques points de suture sur une déchirure. Puis il y aura le temps de la cicatrisation. Elle le sait, pour avoir déjà vécu cet épisode douloureux, pour y avoir survécu avant que de ne renaitre. Son plus fidèle compagnon est et restera toujours la musique. Dans un élan créatif inhérent à la mélancolie amoureuse dont elle est habitée, elle conjugue les touches pour une polyphonie réparatrice de sa souffrance. Comme un cortège de soleils noirs, les noires semblent instruire les angles morts des apparences, alors que les blanches traduisent avec brillance le spleen glacial qui l'envahit.

Aux faites de sa créativité, dans le creux de la vague de sa vie amoureuse, la musique nait, la musique fuse. Quelques ratures, quelques fausses notes atermoient le prologue de cette nouvelle musicalité empreinte d'amour et de tendresse, de rage et de détresse.

Poser des mots sur la musique, poser des rimes bénéfiques, pour altérer la vérité, poser du rêve dans les tourments.

L'apaisement vient la surprendre, ses doigts promènent sur le clavier, plus de douceur, plus de tendresse.

Elle n'aime pas les disputes, ces combats stériles entre reproches et incompréhensions. Les cris s'invitent, les larmes coulent, quand la colère monopolise les pensées, teintant l'amour d'une noirceur délétère et l'avenir d'une torpeur mortifère.

Dans la pénombre du jour qui sombre, les touches noires se font plus sombres, les blanches plus obsolètes.

La porte claque, de la lumière baigne l'entrée, des pas resonnent sur le parquet, un doux baiser sur sa nuque vient la troubler et un pardon est susurré au creux de son oreille.

La musique brule ses doigts, l'effleurement de la bouche adorée brule son âme !

Pardonner, pardonner encore une fois jusqu'à la prochaine fois