Pigalle...

georges

Pigalle…

Que dire sur Pigalle qui n’a été dit ?

J’aurais aimé connaître le Pigalle « historique », je ne connais que le Pigalle touristique.  Lors de mes voyages parisiens, j’ai pourtant cherché l’odeur de soufre cent fois décrite.  Malgré mes recherches, j’ai juste respiré une odeur diffuse, un ersatz, un parfum de Prisunic, une vague souvenance des effluves poivrées qui ont saturé l’air de ce coin de Paris, jusqu’à l’étouffement.  Où sont les truands ?  Les prostituées au grand cœur ?  Les bars interlopes aux néons agressifs ?  Où vont les girls du Moulin Rouge lorsqu’elles ont rangé leurs plumes ?   

Le film que l’on se crée ressemble rarement à la réalité.

A Pigalle, je n’ai trouvé que des marchands interchangeables de guitares électriques.  Une allée cendrée où des parties de boules parfois s’improvisent.  Des cartes postales délavées de ce que fut le quartier.  Les respirations évaporées de personnages illustres : la Goulue, Mesrine, Toulouse Lautrec, Hemingwyay ou encore Miller…   

Aujourd’hui, Pigalle est hanté par des touristes allemands en mal d’émotions fortes.  Qui s’encanaillent au dernier sex shop bravant la tempête de l’oubli.  Comme souvenir, celui-ci ramènera un vibromasseur aux proportions inquiétantes, celle-là un déshabillé de soie qui ne fera rêver que son miroir.

Le Pigalle d’aujourd’hui, ce sont les night-clubs qui crachent chaque nuit leur lot de gothiques blafards, de danseurs extasiés ou d’ivrognes agressifs.  Après leurs débauches d’un soir, chacun rentrera chez soi en métro.  Pour les plus excentriques l’hôtel Ibis tout proche remplace ces hôtels lugubres où se monnayaient de rapides rencontres sexuelles mécaniques.

Malgré tout, j’aime me balader dans Pigalle.  Imaginer son passé.  Les mille godillots et talons aiguille qui ont foulé ses pavés.  Les multiples vies qui s’y sont déroulées, les unes dérisoires et les autres ont marqué l’Histoire au fer rouge.  L’oxygène qu’ont dû respirer les artistes de tout poil, attirés par la flamme de l’endroit.  Quand je me fonds dans la masse de ce quartier de Paris, moi aussi, je fais partie de Pigalle et de son histoire.  Et  je finis par m’en réjouir.

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