Plus qu'une main

Rodolphe Gayrard

Plus qu’une seule main

Je me souviens de ces bruits d’porte

Qui annonçaient le mauvais temps

Comme un flamenco qui s’emporte

Et tambourine mon cœur d’enfant

J’ai bien connu les nuits fragiles

Quand leurs tempêtes de colère

Qui explosaient dans la cuisine

Faisaient trembler même la terre

Et puis un matin un peu froid

Ils m’ont-embrassé follement

C’était bien la première fois

Qu’j’voyais chialer mes parents

Voilà ma vie coupée en deux

Et dans la rue plus qu’une seul’main

Pour traverser le fleuv’ dang’reux

Qui mène peut-être au lendemain

J’étais un prince, un pansement

Un p’tit pacha dans ses palais

Mais j’n’avais plus pour moi seulement

Ces deux adultes que j’aimais

Alors j’ai libéré mes poings

Dans la sal’gueule de ma vie

Pas à côté, c’est déjà loin

J’voulais mes parents sous mon lit

J’étais un dur, un tatoué

Qui craint pas les pierr’ du chemin

Mais dans mon cœur un peu troué

Je faisais pas tellement le malin

Bien sûr l’amour y en a toujours

Mais on vit plus sur la même île

Un truc a changé sans retour

On n’grandira pas en famille

Ref :

Mais on devient quand même un homme

Qui croit dur comm’fer à l’amour

Et ça console le petit môme

Le petit môme au cœur lourd

Rod

Signaler ce texte