Pompier story (11)

Non Fabien n'est pas un jouet, loin s'en faut. Je me demande bien d'ailleurs pourquoi je me dis ça. Nous nous respectons et nous nous aimons, je ne lui ai rien promis, j'avance. Il voit bien que je suis mieux dans ma peau depuis la formation de mon association dans laquelle d'autres femmes et moi nous nous investissons. J'avance et il me laisse aller à mon rythme. Le jour où il me reparlera d'enfants, je serai prête, je le souhaite. J'aimerais qu'il me dise ce jour-là:

"Je te fais confiance pour que tu jettes ta boîte de pilules. Y a que nous dans cette maison, il serait temps que ça change. Je te demande pas de faire dix gosses, juste un ou deux, histoire de sentir la chaleur de notre foyer. "

La chaleur de notre foyer. Comme celle dans laquelle j'ai vécu enfant, avec mes frère et soeur. Fabien n'a qu'une soeur mais beaucoup de cousins qu'il rencontre encore. Il a connu les grandes tablées de fêtes enfant, a fait les quatre cents coups avec ses cousins préférés, j'aimerais qu'il me raconte tout ça. Un jour je lui demanderai comment il était petit, j'ai vu quelques photos de lui chez ses parents, une bouille qui montre le bonheur de vivre, un dimanche à la pêche ou un jour de foire. Il aime les animaux, les balades, les sorties entre garçons, le travail bien fait. Nous avons des points en commun bien sûr, un jour nous aurons plus que des points en commun. Je veux sentir la chaleur du four, l'odeur de la tarte aux pommes le dimanche après-midi, le parfum du bain moussant le soir. Ma boîte de pilules, je la jetterai en présence ou non de Fabien, histoire de faire un pas dans ma vie d'épouse et de femme tout court. Je suis marraine d'un petit garçon de trois ans, un jour il aura un ou deux cousins de plus, je ne promets rien mais je ne suis pas sur le banc de touche. Fille ou garçon, jumeaux, ou enfant unique, qu'importe, le petit être qui naîtra ne sentira pas l'odeur de cramé au retour de son pompier de père, mais la douce odeur du talc dans sa chambre pastel.

FIN