Portrait

aile68

Dix minutes avant la sonnerie de la cloche, on s'active, on était si bien assis au bar du lycée! Toi avec ton serre-tête, tu ramènes tes cheveux dans le dos, ça te donne un air bien sage, après les mensonges que tu profères les yeux rêveurs, tes copines autour de toi croient plus aux amoureux que tu t'inventent de trimestre en trimestre. Tu veux aller camper pour les vacances de Pâques, mais tu n'a pas 13 ans, la vie peut bien attendre mais pas toi. Tu cherches plus, tu cherches quoi, tu as des amies "ie", mais pas d'amis "i" et ça te pèse en silence au-dessus du mange-disques que tu gaves comme une oie pour Noël. Ta mère a augmenté ton argent de poche, mais ton cahier de doléances est bien lourd sur ton coeur de pré-adolescente. Tu voudrais des vacances à la mer, au ski, l'aventure au coin de ta rue. Ta soeur, tu l'espionnes le soir avant de te coucher, tu l'as trouves plus jolie que toi avec ton appareil dentaire, il faut que jeunesse se passe affirme ta grand-mère avec l'assurance due à son âge. Toi ton âge tu le vieillis dans les surprises-parties, aux garçons surtout. T'aimerais bien avoir 15 ans, voler de tes propres ailes, mais tu cours quand vient le soir aux rues faiblement éclairées, tu cours et tu t'en veux. Ta maison c'est une prison sans barreaux, sans verrous, un semblant de liberté, quoi! Ta chambre, c'est ton havre de paix qui recueille tes peines et tes attentes. T'aimerais bien être plus proche de ta soeur mais elle a deux têtes de plus que toi, deux ans de plus ça fait assez de différences en tout. Alors tu traînes dans les coulisses de ta vie, tu passes d'un couloir à l'autre comme une âme désoeuvrée, mal-aimée. L'année prochaine tu auras 14 ans et alors là tout le monde verra de quel bois tu te chauffes,  et ce que veut ton pauvre coeur qui s'ennuie, s'ennuie.

Signaler ce texte