Pourquoi. Mais pourquoi maintenant ?

Ivan Caullychurn

Si la curiosité est un vilain défaut, ne pas y répondre en est un pire.

Il est minuit. Enfin ! oui enfin, vous vous retrouvez là où depuis des heures, si ce n'est depuis le début de cette journée, vous rêviez d'être. Vous n'aviez plus qu'un désir profond, celui d'être détendu, celui de délasser chaque fibre de chacun des muscles de votre corps. Muscles qui ont été en mode Haute Tension depuis le réveil. Vous êtes dans votre lit, vous couvrez les qualités de votre matelas des plus grandes louanges, êtes content de l'avoir payé un peu plus cher. Vous jouissez du bonheur simple de cet état de relâchement physique et mental sous votre couette. La douche il y a dix minutes déjà vous avait procuré cette sensation tant recherchée de relaxation. Vous êtes donc près de sombrer, vous saisissez votre smartphone pour embrasser textuellement votre petite amie et lui souhaiter une belle nuit. Elle va vous répondre avec des mots pleins d'amour et cette journée des plus stressantes et éreintantes va se terminer de la plus douce des façons. Ça, c'est avant que votre petite amie réponde à votre texto « Belle nuit » par un : « Dis, tu penses quoi de moi ? »

Votre sourire béat prend un petit uppercut et la douce candeur des projections de sommeil réparateur aussi. Une once de crispation a parcouru votre organisme et vous répondez encore d'un espoir innocent : « Que du bien ma toi », en espérant de tous vos croisements de doigts que ces mots lui suffiront.

Pauvre ingénu.

La curiosité noctambule de votre amie n'en est qu'à ses cruelles prémices. « Oui mais explique pourquoi tu m'as choisie, pourquoi je t'ai plu », suivi dans la foulée d'un « En quoi je suis différente de tes ex ? » Et celle-là vous fait mal.

Vos rêves immenses d'être emporté par les bras de Morphée laissent place à un champ qui n'attend qu'une mauvaise réponse de votre part pour être de bataille. Un geste maladroit, une intention mal interprétée et c'en est fini de cet état de béatitude. Pire, vous sentez poindre à nouveau ce stress qui vous a accompagné toute la journée et à nouveau, chaque fibre de chacun des muscles de votre corps se remet en position Haute Tension.

Vous tentez de désamorcer la bombe par un : « C'est ton sourire, ton côté pétillant qui m'a plu. »

« C'est tout ? » rétorque-t-elle.

La pression monte.

« Non, il y a aussi ton rire que j'ai trouvé craquant. »

« Oui mais ce sont les seules différences que tu notes d'avec tes ex ?? »

Vous commencez à avoir du mal à avaler votre salive.

« Pourquoi t'as quitté ton ex si je n'en suis pas si différente que ça ?? »

Une chaleur étouffante règne dans votre chambre, vous ôtez la couette de vos membres tendus et vous relevez pour expirer un soupir né du plus profond de votre être, qui à ce moment-ci, se trouve embarrassé, contrit, tout ratatiné même. Comment se dépêtrer de cette situation tendue qui mérite la plus grande des attentions. Vous faites alors appel au plus gradé des généraux qui sommeille en vous. Les stratégies les plus intelligentes se doivent d'être réfléchies et mises en place. La guerre ne doit pas avoir lieu, pas maintenant, vous n'êtes pas paré. Oui mais voilà, votre silence prolongé suscite un : « Tu ne dis rien ? Désolé de ne pas être mieux que tes ex ! »

 « Mais je n'ai pas dit ça… »

 « Alors dis-moi pourquoi tu m'aimes. »

Il est minuit et demi, la nuit risque d'être longue et perturbée. Vous bafouillez vos réflexions, la pression est trop forte, elle chahute les piliers de votre diplomatie, vous perdez vos repères et écrivez : « On peut en parler quand on se verra ? »

Oh l'erreur. Oh la magistrale erreur. Oh l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand. Oh l'invasion de la Pologne. Oh l'occupation de la bande de Gaza. Vous vous rendez compte du faux-pas que votre fatigue vous a poussé à commettre. La diplomatie requiert de la patience. Vous avez craqué. Un laconique mais lourd de sens « ok » conclut cette conversation.

Et dire qu'à la base vous ne demandiez qu'un mot doux.

  • Cet OK n'augure rien de bon !.... :-)
    les hommes dit on viennent de Mars et les femmes de Vénus... ce qui parait futiles pour les hommes est souvent très important pour les déesses que vous courtisez.... ;-)

    · Il y a presque 7 ans ·
    12804620 457105317821526 4543995067844604319 n chantal

    Maud Garnier

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