Pourquoi toi?

Mathieu Arnaud

SYNOPSIS

Antoine. Lucile. Benoît. Sophie. Les autres.

Antoine et Benoît sont amis d’enfance. 

Antoine et Lucile sont fiancés. 

Lucile rencontre Sophie.

Sophie tombe amoureuse d’Antoine.

Antoine est secrètement amoureux de Benoît.

Sophie, pour rester proche d’Antoine, attire Benoît dans ses filets.

Benoît, encouragé par Lucile et désespéré de son célibat persistant, se laisse charmer  sans réelle conviction.

Benoît rencontre Eve et tombe, pour la première fois, réellement amoureux.

Eve aime beaucoup d’hommes, c’est une prostituée.

Blessé, Benoît perd espoir envers le véritable amour et demande alors Sophie en  mariage.

Suivez les aventures de ces jeunes gens qui cherchent à tout prix, chacun à leur  manière, LA bonne personne. Celle qui les fera vibrer, celle avec qui finir sa vie serait  agréable. Un passé différent mais un avenir en commun. 

Chapitre 1. Antoine.

Antoine est un jeune homme au pouvoir séducteur presque infini. Ces  nombreuses conquêtes féminines qui s’additionnent au fil des années en sont une preuve plus qu’objective. 

Ses premières copines remontent à la maternelle. Comme ses parents lui  défendaient les sucettes, le seul moyen qu’il avait trouvé pour goûter ses saveurs  inconnues était d’embrasser ses petites camarades après qu’elles eurent sucé  entièrement les petites boules sucrées ; aucune des fillettes ne s’interdisait ce baiser  fruité. Au lycée, il était devenu, bon gré mal gré, le garçon avec qui il FALLAIT être! Il ne demandait jamais aux filles de sortir avec lui : il se laissait approcher et c’est elles qui devaient faire le premier pas. C’est aussi elles qui rompaient. Les ruptures ne l’attristaient pas plus que ça : il savait que quelques jours après, une semaine maximum, une autre demoiselle en mal de popularité allait l’aborder.

Sa beauté naturelle et insolente, semblable à celles des anciennes stars du rock, le faisait passer pour corrupteur, peu soucieux de dévergonder toutes ces filles  innocentes pendues à son cou. Or, si nombre d’entre elles ont rompu avec lui, c’est précisément parce qu’Antoine montrait beaucoup, voire beaucoup trop, de respect envers cette innocence.

Ce qu’il faut savoir c’est qu’en plus de lui interdire les sucettes, ses parents lui avaient inculqué quelques principes de base qu’il avait faits siens et qu’il respectait à la lettre (c’était, et c’est encore, un garçon obéissant). Parmi ces règles fondamentales on retrouvait en haut de la liste l’obligation absolue de rester vierge jusqu’au mariage.

Peut-être son charme se trouvait-il dans ce secret. Les adolescentes, et aujourd’hui les femmes, craquaient pour Antoine parce qu’elles étaient sûres d’être respectées et non traitées comme un objet fourre-tout grâce auquel les sombres désirs nocturnes d’un homme sordide pouvaient être satisfaits. Mais voilà, les femmes peuvent aussi être sordides et avoir aussi de sombres désirs nocturnes...

Ne cédant jamais à la tentation, n’allant pas plus loin qu’un baiser (certes avec la langue, certes avec quelques caresses plus qu’allusives), Antoine voyait immanquablement ses compagnes successives partir. Elles le quittaient  toujours après une expérience ratée qu’elles avaient eue avec lui au lit :

Clara : « C’est pas toi c’est moi ! Il est clair que je ne peux pas t’offrir ce que tu es en droit d’attendre de moi. » deux semaines après une tentative avortée de fellation s’étant soldée par trois points de sutures.

Angélique : « T’es un mec super gentil et moi je recherche plus de passion. » quatre jours après une érection molle alors qu’elle lui avait offert un show très suggestif.

Vanessa : « On est plus des amis que des amants, je veux qu’on reste en contact. » six heures après une esquisse de doigté, s’étant terminé par une envie à lui d’aller aux toilettes.

Mélanie, la plus franche de toute : « D’un côté, je veux pas être la pétasse qui te fera cocu et d’un autre côté... j’ai besoin de baiser ! J’ai vraiment besoin de baiser. » trois minutes après qu’Antoine l’eut découverte en train de se masturber seule dans la cuisine. 

Et lui, toujours, il se taisait, il écoutait, impuissant, les excuses des unes, les accusations des autres. Il les regardait faire leur valise, il les laissait lui faire un dernier baiser d’adieux (sur la bouche, quand même !). Et, comme quand on est enfant et qu’on marmonne après une bonne réprimande de la part de ses parents, il imaginait un discours tout préparé, comme une réponse qu’il n’osait faire à ces femmes si sûres d’elles-mêmes.

Face au mur, il restait tout le temps calme. Pas un haussement de voix, aucune violence dans ces propos. Il semblait presque content de ce départ. Et puis, il finissait par lâcher ce que jamais il ne s’était risqué à dire à un autre être humain :

- Je suis gay. 

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