Printemps agnostique

On n'allait pas incanter Dieu dans les églises

on parcourait les bois à l'orée du printemps                                      

le parfum des violettes je m'en souviens j'étais enfant                 

pendant que d'autres fréquentaient les pierres grises

Nous fallait-il ailleurs chercher la terre promise

sous les arches éthérées des frondaisons providentielles

cette explosion de sève comme un miracle né du ciel

et l'éclat du soleil  comme une gourmandise  

Le silence était de la matière de cette vie

doux et tendre  inouï il renaissait des cendres

des saisons enfouies manquant de nous surprendre

Quand j'y songe est-ce là ce qui nous porte vers l'infini

D'autres, d'autres qui rejoignaient la catéchèse

s'en allaient étudier Moïse et la Genèse                                                      

et nous nous remontions jusqu'en haut des prairies

pourchasser les troupeaux effrayés par nos cris                                   

agneaux de lait, brebis, génisses indolentes

nous étions dans cet âge béni que tout enchante                                   

et fiers d'aller braver jusque dans nos errances

ceux qu'offusquaient nos pères par leur libre croyance