PRIORITÉ

Apolline

Être empathe à modeler. Fabrique de tourniquets où les assises de la Terre ont été retenues dans des libres arbitres dégénérant  à ne plus savoir comment valser, comment courir, à en perdre haleine, à ne plus vraiment savoir comment s'arrêter maintenant dans des têtes confinées, obstruées par un retour d'une petite vie à la normale, soumise et insoumise. Ces libres-arbitres habités qui vous ramènent encore à vous-même, à vous moi je, à vous moi et mon pays, à vous moi et mes droits ont été classés au top du virus humain, dans le rejet  phénoménal pur et dur de l'autre monde affamé, de l'autre monde qui a froid, se mourant constamment à vos pieds. Et qu'en est-il dans vos babillages pour moduler ce qui a toujours existé depuis bien trop longtemps, que vous semblez voir mais toujours de loin, à travers vos écrans de survie, aux détours acharnés de vos multiples revendications, de vos manifestations obsessions, de vos gâteries pourries ?

En pâte à modeler. Fabrique de cirques où les dénonciations se défoncent à en crever, pour ainsi échapper à sa torpeur, se prosterner dans sa zone d'humeur. Sans jamais observer ce qui anime ce défaut d'égoïsme en soi, en vous frottant les mains, en claquant des doigts, le majeur serveur, en maudissant le fardeau, agrémentant sa piteuse justice, en n'aimant que les glaces et ses voisins.

Être empâté modelé. Fabriquer des privilèges dans lesquels le repos du guerrier n'aspire que dans sa culotte, à sa peine molle emmaillotée, en prévoyant déjà sa révolution de chantier, afin d'éclabousser le dos de la vermine qui s'agite déjà raide culottée dans une cruauté miroitée.

Les uns diront que c'est un bienfait ce temps arrêté, les autres diront Bien fait ! Et au milieu, il y a tous ces autres époumonés qui chantent quand ils pleurent et qui pleurent quand ils rient, il y a encore des créateurs, des artisans de la lumière, des consolateurs, des poètes, des silencieux, des prieurs, des adorateurs, des blagueurs et puis des marchands de la peur, des grands enfants rebelles, des divisés tiraillés, des mièvres pâlichons, des illuminés de feux d'artifice, des penseurs de potins ou de Rodin, des croyants assermentés, des figés dans leurs casiers, des résistants saignants, bleus, à point ou cuits. Et puis des accrocheurs parachutés d'un futur passé en psalmodiant la fin.

« La fin de quoi ou de qui exactement ? » demande l'autre.

« Ou serait-ce la FAIM à reconsidérer ? » dira l'un en langue d'oiseau, « celle qui nous bouffe, celle qui déroute… ? »      

Si se mettre à la place de Tous pouvait seulement se modeler dans une autre Réalité, celle pour de vrai qui prime de base… La transférer en hommage de tous ces morts perdus, en hommage d'une vie nouvelle essentielle. Reprendre la course, pas à pas, dans une respiration unie mais cette fois pour la même enseigne, à savoir que chaque Être mange à sa faim, se loge et s'habille décemment dans ce vaste champ planétaire qui est le nôtre sans frontières. Le rendre digne en aidant nos frères, nos sœurs, nos enfants qui font partie de nous, en éclairant ENFIN notre cœur de lumière exemplaire.

N'est-ce pas cela la priorité unique depuis toujours, depuis toujours ?   

   

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